Bonito, Pantanal sud (Brésil) - 08/06/07 au 11/06/07

Vendredi 8 juin 2007, A première vue, Bonito est une petite ville comme les autres villes que nous croisons sur notre route depuis notre entrée au Brésil. Toutes ces petites villes se sont construites autour de la route nationale, qui fait office d'avenue principale. On reconnait aisément l'entrée des villes au grand portail souhaitant "Bem vindo a ..." et aux nombreux dos d'âne qui surgissent devant les pneus et sous les amortisseurs d'Idéfix.

La où Bonito se distingue des autres villes c'est au nombre d'agences de voyage et de centres d'excursions qui s'y sont installés. En effet, Bonito est le point de départ de nombreuses excursions dans le Pantanal Sud (qu'on appelle parfois le "petit" Pantanal). Nous nous dirigeons actuellement vers le Pantanal Nord (dans la province de Mato Grosso). Cependant, tous les voyageurs que nous avons rencontrés nous ont conseillé Bonito comme halte intermédiaire parce que c'est un endroit plein de charme qui, de plus, possède quelques poussadas (maisons d'hôtes) et campings des plus agréables.



Arrivés à Bonito, nous entamons une piste de 8 kilomètres menant vers le Camping do Gordo. Sur cette piste de terre rouge nous prenons enfin conscience que nous approchons du Pantanal. Un couple de perroquets vient nous souhaiter la bienvenue et un vautour nous survole. Une famille de drôles d'oiseaux peu farouches, ressemblant à de maigres oies sur de longues pattes, coiffés d'une crête de punk, posent pour la photo.

Le gardien du camping nous indique gentiment le meilleur emplacement pour Idéfix. Pas difficile, il semble que nous soyons ses seuls clients. Mais quelle aubaine! Nous nous installons à deux pas d'un ruisseau à l'eau cristalline. Au dessus de nous des perroquets viennent faire causette. Yann et Pauline s'en amusent et leur lancent des "Flip, arrête un peu de parler!" (Pour les non-initiés: Flip est le perroquet de Jommeke, dans la série BD du même nom).

La rivière fraîche nous invite à la baignade. Nous acceptons l'invitation sans hésiter, d'autant plus qu'avec les 800 kilomètres que nous avons parcourus depuis Foz do Iguaçu la température est passée de 20 à 32 degrés centigrades. Ce soir nous pourrons donc ranger nos vestes et les gros sacs de couchage des enfants au placard. Sortons la crème solaire, les casquettes et l'anti-moustique.

Samedi 9 juin 2007, Les chants de multiples oiseaux, bien différents de ceux qu'on entend en Belgique, nous réveillent en douceur. Depuis notre lit nous abaissons les stores et laissons les rayons du soleil, filtrés par les branches des arbres, finir de nous réveiller. Soudain, Sophie aperçoit une biche qui broute paisiblement à moins de cinquante mètres de nous. Dans la seconde qui suit son cri d'exaltation, Yann et Pauline sont debout au pied de leur lit, prêts à enfiler leurs chaussures. Sophie acquiesce: "OK, tout le monde met ses chaussures, on part se balader. Gardez vos pyjamas, on s'habillera et on déjeunera après".

C'est ainsi que nous commençons notre journée par un "safari-pyjama", empruntant de jolis sentiers le long du ruisseau. La biche est repartie se cacher dans le feuillage mais nous vivons d'espoir de débusquer d'autres animaux. Yann tient en main un petit livre illustré des animaux du sud du Brésil et n'hésite pas à le consulter afin de reconnaître la photo correspondante du moindre oiseau qui pointe son bec. Nous croisons plusieurs "Agoutis", sorte de rongeur brésilien, et un perroquet encore non identifié parce que non repris dans le livre de chevet de Yann.

La suite de la journée se déroule comme les autres journées de luxe que nous nous offrons quand l'endroit est attrayant: nous prenons le petit déjeuner à l'aise (en famille, comme tout les autres repas, forcément), faisons plongette dans le ruisseau, jouons avec les enfants, passons la session de classe dans la bonne humeur, observons les animaux, et profitons d'un petit apéro pendant que la viande grésille sur les braises d'un barbecue. Après le souper, les enfants jouent au hockey sur le gazon. Puis, non sans que nous devions insister un peu, ils vont se coucher, pour rêver sans doute de perroquets, de biches et de poissons nageant avec eux dans les eaux claires d'un ruisseau.



Dimanche 10 juin 2007, Nous décidons d'entreprendre une excursion par nos propres moyens. Pas besoin d'une agence de voyage pour nous rendre avec Idéfix à un lieu intéressant, surtout s'il est déjà indiqué par de grandes pancartes depuis l'entrée de la ville. En route donc pour 20 kilomètres de piste vers la grotte nommée "Gruta Lago Azul". La piste est majestueuse et nous mène à travers un paysage vallonné, bordé d'arbres dont certains (les Piuvas) sont fleuris et donnent au paysage de jolies touches de violet.





A hauteur d'une bifurcation nous décidons de changer notre itinéraire et de suivre une indication pour une autre grotte: la gruta Sao Miguel. Ce changement de cap nous épargne 5 kilomètres de piste. Et puis nous nous disons qu'une grotte, c'est une grotte, peu importe le nom qu'elle porte. Encore eut-il fallu que nous puissions y entrer. En effet, une fois sur place le gardien des lieux nous annonce qu'il est interdit de visiter le site sans faire appel à un guide ou à un centre d'excursions. Les billets d'entrée pour la grotte ainsi que pour toute autre activité dans la région doivent être achetés au préalable dans une agence. Toutes les agences se trouvent au centre-ville.

Cette annonce a un goût amer. Surtout parce qu'elle s'ajoute à un léger goût de poussière rouge que nous avons avalée en arpentant la piste qui nous a menés jusqu'ici. Tant pis. Nous rentrons bredouilles. Nous nous disons que peut-être notre reportage servira à avertir d'autres voyageurs qui liront ces lignes avant de se rendre à Bonito à l'aveuglette.

Nous faisons le point. Nous avons passé un moment de rêve près du ruisseau. Nous n'avons pas envie de payer une fortune à une agence de voyage pour nous emmener voir une grotte - azul ou pas azul - au bout d'une piste dont nous avons d'ailleurs déjà eu l'occasion de goûter. Puisqu'ici c'est le "petit" Pantanal, nous économiserons nos Reales pour nous offrir le Grand Pantanal. Na! Nous partons sur-le-champ! Demain donc ...