Transpantaneira, Pantanal Nord (Brésil) - 14/06/07 au 17/06/07

Jeudi 14 juin 2007, cela fait exactement 1 mois que nous avons quitté la Belgique!
Aujourd'hui, nous arrivons enfin à Poconé où nous faisons un petit mercado car nous supposons que les repas seront compris dans le prix de la pousada-camping où nous comptons loger. Ensuite, après quelques tours, retours et demandes d'indications, nous arrivons sur la fameuse Transpantaneira du Pantanal.





Le nom Pantanal est dérivé du mot pantano qui signifie marécage. Durant la saison de pluie, d'octobre à avril, les rivières débordent et c'est ainsi que les grandes plaines du Pantanal sont inondées et que tant de poissons et de crustacés s'y trouvent. Lors de la saison sèche, l'eau se retire mais les nombreux poissons y restent comme emprisonnés et deviennent une source importante de nourriture pour les prédateurs. La construction de la route Transpantaneira a débutée en 1971. Le but était qu'elle commence à Poconé, au nord, et se termine à Corumba, plus au sud, afin de traverser une grande partie de cette région. Mais seul un tiers de la route a été réalisé. Pour construire cette route, de la terre fut enlevée sur deux côtés, formant de grands fossés, et déposée au milieu. Ces fossés longeant la route sont quasi tout le temps remplis d'eau et donc de poissons. Sur 150 kilomètres de route 122 ponts en bois ont été construits.



Ce sont des voyageurs que nous avons rencontrés qui nous ont vivement conseillés de venir ici, au nord du Pantanal, car la faune y serait magnifique. Ils n'ont pas eu tort et nous avons eu raison de suivre leurs conseils. Dès les premiers cent mètres, nous nous arrêtons pour admirer les faucons, les aigrettes et de nombreux autres oiseaux tous plus beaux par leur couleur ou plus impressionnants par leur taille que les autres. Les enfants, installés à côté de nous, semblent également tout émerveillés. Après 17 km de piste et une heure et demie d'admiration, nous arrivons à la pousada-camping. Nous plaçons Idéfix à l'ombre d'un arbre centenaire en attendant que le patron de la pousada arrive. Le patron a mis plusieurs heures avant de montrer le bout de son nez. En attendant nous ne nous lassons pas d'admirer cette nature. Comme dit Damien, "on dirait un aéroport pour oiseaux", ils ne cessent de s'envoler et d'atterrir. Les faucons, les aigles, les martin-pêcheur se perchent sur une tige en attendant un poisson, un crabe ou une grenouille. Même en faisant l'école, je ne peux m'empêcher d'avoir plus les yeux fixés vers ce merveilleux spectacle que sur les livres de Yann; des hérons, des aras, des perruches, des sangliers... c'est trop beau!




En fin d'après-midi, le fermier de la pousada (ah oui, il y a aussi des vaches, des veaux, des moutons et des chevaux) nous indique l'emplacement d'Idéfix... une place royale dans un enclos, en plein milieu des marécages, avec terrasse couverte, douche (avec des grenouilles et d'énormes araignées), piscine et mirador. Tout cela rien que pour nous! Néanmoins, nous sommes déçus de ne toujours pas avoir vu le patron car nous aimerions beaucoup savoir ce qu'il nous propose comme randonnées. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit que le fils vient et nous propose une promenade à pied demain matin.
Ce soir, nous avons l'occasion, je ne dirais pas d'admirer mais plutôt de fuir d'autres espèces animales: moustiques, mouches de toutes les tailles, sauterelles, araignées et scarabées. Après un apéritif sur la terrasse, nous préférons passer la soirée dans notre cher Idéfix. Mais sans électricité car notre convertisseur 110 volt semble (déjà) ne plus vouloir fonctionner. Heureusement, les batteries sont bien chargées grâce au panneau solaire d'Idéfix.



Vendredi 15 juin 2007. Réveil à cinq heures et demie car nous avons rendez-vous à six heures pour notre balade dans les marécages au lever du soleil. A six heures dix nous sommes prêts, habillés pour la circonstance avec long pantalon, bottines, t-shirt à longues manches, du produit anti-moustique, chapeau, appareil photo et caméra. Quelques minutes plus tard, le fils, qui doit avoir 14 ans, nous demande de patienter quelques instants. Pour finir, c'est à sept heures que nous partons avec le fermier comme guide. Yann s'amuse, il saute d'une branche à l'autre, contourne les bosquets et ne quitte pas notre guide d'une semelle. Que ce soit dans la plaine, dans les bois, dans la boue ou sur les pontons en bois, Yann passe partout. Pauline, par contre, a plus de mal à se réveiller et est plus attirée par nos bras que par le plaisir de s'imaginer être un loup ou un jaguar (dont nous avons vu les traces de pas) comme son frère. Cette promenade est sympa mais nous restons sur notre faim car nous avons lu et entendu qu'il y a un tas de choses à faire dans le Pantanal. Au retour de la promenade le thermomètre indique déjà 27 degrés et bien sûr un plongeon dans la piscine s'impose.

Ensuite nous décidons de retourner à Poconé car nous n'avons presque plus d'eau potable ni assez de nourriture et la pousada, contrairement à ce que nous croyions, ne propose pas de quoi manger ni de boire. Nous décidons donc de faire un aller-retour (ce qui est un réel plaisir sur la Transpantaneira) vers la ville afin d'y faire un mercado, ainsi qu'un petit tour dans un cybercafé. Arrivés à Poconé nous avons du mal à trouver un cybercafé, nous passons de rues en terre à des rues en macadam, du nord vers le sud, de l'est vers l'ouest et finissons par en perdre le nord. Mais notre bonne étoile n'est jamais très loin. Tout à coup, nous repérons le 4x4 de la pousada avec père et fils. Bingo, ils nous indiquent un cybercafé. Nous avons le plaisir d'y lire les premiers échos du mariage de Bruno et Maria en Sicile, qui d'ailleurs sont au Brésil en voyage de noces. Vers 15 heures nous reprenons la route et bien évidemment la Transpantaneira. Les enfants viennent à nouveau s'asseoir devant et quatre paires d'yeux sont à nouveau fixés vers les marécages. Nous ne nous arrêtons pas à la pousada que nous avons quittée ce midi. Nous y avons été déçus par l'accueil peu chaleureux et par le manque d'enthousiasme. Cap vers la prochaine pousada que nous avons repérée dans notre guide et qui est située au kilomètre 32. Nous avons à peine dépassé la première pousada que nous sommes déjà contents de notre choix... il y a des animaux que nous n'avons pas encore eu la chance de voir: des caïmans et des capibaras (les plus grands rongeurs). Trop génial!



Arrivés à la pousada Araras Eco Lodge nous sommes séduits. Nous savons que c'est un hôtel et non pas un camping mais nous souhaitons réellement voir le Pantanal "comme il se doit". Il n'y a plus de chambres pour quatre personnes de libre et prendre deux chambres de deux personnes est vraiment trop "hors budget". Nous négocions facilement et obtenons une chambre pour deux personnes avec suffisamment de matelas pour quatre. Nous pouvons garer Idéfix à l'arrière du lodge. Nous remplissons vite une valise et nous nous installons dans notre chambre. Le lodge a beaucoup de charme. Toutes les chambres ont une petite terrasse qui donne sur un jardin, avec quelques mètres plus loin une piscine et une terrasse couverte avec tables et bancs en bois où le petit déjeuner sera servi demain matin. Nous passons une agréable soirée, admirons nos photos prises lors de ces deux derniers jours tout en sirotant un caïpirinha. Nous faisons également connaissance avec Sergio, un des guides, qui parle anglais. Quel bonheur. Super, notre journée de demain est organisée.

Samedi 16 juin 2007. Réveil à cinq heures quarante car le petit déjeuner est servi entre six et sept heures et notre première activité débute à sept heure et demie. Idem que hier, six heures dix la famille Dewitte est prête. Le buffet du petit déjeuner n'est pas encore dressé et nous en profitons donc pour admirer la faune qui est déjà réveillée; caïmans, capibaras, aras, vautours, red-crested cardinal, martin-pêcheur, cormorans, ... Disons que la journée commence bien. Ensuite nous prenons un bon petit déjeuner sous la terrasse couverte. Il fait un peu frais, nous n'aurons certainement pas les 33 degrés de hier, ni la belle luminosité car il fait couvert. Damien et Yann partent chercher des pulls. Quelques minutes plus tard, quelqu'un derrière moi me dit: "Sophie, surprise!". Je me retourne et je tombe sur ... Bruno et Maria. Quelle émotion, j'en ai des larmes aux yeux. Qu'est-ce que ça fait plaisir de voir un membre de sa famille. C'est incroyable! Quelle coïncidence! Il suffisait que nous soyons restés à la première pousada ou que Bruno et Maria soient venus ici un jour plus tard et nous risquions d'être au même endroit et au même moment sans se voir. Est-ce le hasard, la chance ou le bon feeling? Peu importe, nous sommes on ne peut plus heureux! A sept heures et demie Bruno et Maria partent faire une randonnée à cheval et nous partons faire un "safari" sur la Transpantaneira. Nous sommes encore gâtés aujourd'hui: un fourmilier, une biche, un toucan, d'autres espèces de faucons, des tuiuius et une grande partie des animaux nommés précédemment.
Retour au lodge à dix heures et demie où nous retrouvons Bruno et Maria. Nous leur montrons notre cher Idéfix et obtenons une connexion internet afin de pouvoir leur montrer les premières photos de leur mariage que Christophe et Pascaline nous ont envoyées par e-mail.

Je ne sais pas comment décrire cette journée et encore moins comment exprimer nos sentiments, nos pensées, nos ressentis. Nous n'arrêtons pas de nous dire que c'est incroyable de se croiser ici, dans le Pantanal, au Brésil par le plus grand des hasards. Maria me parle beaucoup de la journée de leur mariage, elle est tellement heureuse. Yann et Pauline semblent également heureux de voir des personnes de la famille. Malgré qu'ils ne les connaissaient pas avant, ils passent pas mal de temps ensemble. Yann prend un immense plaisir à leur montrer les aras et les caïmans. Lorsque nous partons chacun de notre côté pour l'activité de l'après-midi, Yann et Pauline nous demandent déjà si nous allons les revoir ce soir.

Cette après-midi, nous allons à la monkey-tower, un mirador de 25 mètres de haut. Comme son nom l'indique nous y observons des singes. Mais nous ne nous y attardons pas trop car c'est vraiment haut. De plus le ciel est couvert. Ce n'est donc pas le temps idéal pour la photographie. Pour le retour, le guide décide de prendre un autre chemin... Et donc, au lieu de traverser les marécages sur les jolis pontons, nous les traversons sur les branches taillées à la machette par notre guide afin que nous puissions traverser un passage encore inondé. La promenade dure plus longtemps que prévu et je commence à m'impatienter car ce soir nous ne dormons plus au lodge, mais dans un camping appartenant au lodge et qui se trouve à deux kilomètres d'ici. Ce n'est pas loin, mais je préfère y arriver avant que le soleil ne soit couché. Surtout ici, on ne sait jamais comment est la piste pour arriver à un endroit. Donc il vaut mieux ne pas la faire dans le noir. Mais surtout, nous aimerions beaucoup encore voir Bruno et Maria... je redoute déjà le moment de l'au revoir. Arrivés au lodge, Maria et Bruno ne sont pas encore rentrés de leur excursion. Nous en profitons donc pour quitter la chambre et pour préparer Idéfix. Qu'allons-nous faire, il commence à faire noir, allons-nous facilement trouver le camping? Mais nous ne souhaitons pas partir sans avoir dit au revoir à Bruno et Maria. Je prends vite un bout de papier et un crayon des enfants pour leur écrire un petit mot. Mais, j'ai à peine terminé ma première phrase que nous entendons le moteur du véhicule qui les ramène. Chouette. Apparemment, ils se demandent aussi s'ils allaient encore nous voir. L'au revoir est émouvant et court car j'ai mal au coeur de déjà devoir partir. J'ai l'impression de quitter la Belgique une deuxième fois. Cette journée passée au lodge nous rappelle le voyage au Botswana en famille et me donne un peu la nostalgie. De plus, avec Maria et Bruno nous avons parlé de la famille, de nos frères et soeurs. Ces petits instants de bonheur, ces moments passés ensemble prennent fin et me manquent déjà.



Il est 18 heures, il fait noir et nous reprenons la Transpantaneira à la recherche de notre camping. Tout est noir et calme mais nous repérons l'entrée sans problèmes. Nous ne voyons aucune lumière. Damien sort du véhicule pour ouvrir la barrière. La barrière refermée, il allume les grands phares... La piste semble plus cabossée que plate mais surtout étroite avec de chaque côté de l'eau et donc peut-être des caïmans. Je pense à Berry qui nous dirait: "Ca, c'est de l'aventure!". Bon, on y va, on verra bien plus loin et de toute façon, le lodge n'est qu'à deux kilomètres d'ici et le guide nous a dit que nous pouvions y retourner si nous le souhaitions. Mais y a-t-il quelqu'un là-bas, au bout de cette piste, un garde ou autre? Le petit kilomètre que nous parcourons m'impressionne mais au bout nous apercevons, éclairé par nos phares, un chapeau de paille qui dépasse d'une barrière en bois. Ouf, il y a quelqu'un. Il fait trop noir pour voir où nous sommes exactement ou pour voir comment est l'endroit, mais nous entendons un bébé pleurer et sommes rassurés. Si une famille habite ici, c'est que tout est OK.