Passage vers le Chili (Argentine-Chili) - 21/07/07 au 23/07/07



Samedi 21 juillet 2007, Tilcara se trouve dans la vallée de Humahuaca, à quelques kilomètres du village du même nom. Ce village est souvent cité dans les guides de voyage comme étant un village typiquement andin. Nous nous installons à Tilcara en début d’après-midi. Après le déjeuner nous partons visiter le musée archéologique qui se trouve au centre de ce village fort sympathique et aux allures légèrement touristiques.
Le musée expose des vases, des urnes mortuaires, des outils et des bijoux de différentes périodes des cultures andines et incas. Sa pièce maîtresse est une authentique momie digne de celle de Rascar Capac dans Tintin. Yann était impatient de la voir, mais après l’avoir regardée de plus près il fait vite quelques pas en arrière et semble subitement s’intéresser davantage aux poteries péruviennes. La couleur de son visage vire au blanc verdâtre et commence à ressembler à celle de la momie. A la sortie du musée nous nous baladons entre les échoppes du marché artisanal sur la place du village, histoire de changer les idées à Yann.

Dimanche 22 juillet 2007, Susques est la dernière ville avant le passage vers le Chili à hauteur de la passe appelée Paso de Jama. A Susques se trouve le poste de douane pour les camions ainsi que la dernière pompe à essence avant San Pedro de Atacama, 280 kilomètres plus loin, au Chili. Susques étant située à une altitude de 3600 mètres, nous avons dans l’idée d’y passer la nuit afin de nous habituer à l’altitude. Ainsi nous pourrons facilement parcourir les 280 kilomètres restants demain tout en passant la douane argentine avant la pause du midi.
A Susques, les douaniers nous confirment que la régularisation douanière pour les véhicules privés se fait bien à la frontière même. Nous leur demandons si nous pouvons passer la nuit en face du poste de douane. De toute façon, nous ne sommes pas seuls, nous sommes entourés de camions. Un vent fort et glacial s’engouffre dans les rues de la ville. La poussière semble ne jamais se poser. A tout hasard, nous demandons aux douaniers à quelles températures nous devons nous attendre durant la nuit. Ils nous répondent : "Oh, entre -15 °C et -20 °C…". Nous nous en doutions un petit peu mais secrètement nous avions tout de même espéré avoir une nuit un peu plus clémente. Nous ajoutons un peu d’antigel dans le réservoir à carburant et nous décidons de nous réveiller toutes les deux heures afin d’allumer un peu de chauffage, si nécessaire, pour maintenir la température dans Idéfix au-dessus de zéro.

Lundi 23 juillet 2007, le gel fût moins fort que prévu. La nuit fût certes mouvementée par nos réveils réguliers et par les rafales de vent mais elle ne nous a pas causé de dégâts. Idéfix démarre au quart de tour.
Dès la sortie du village, la route commence à grimper. Sophie observe l’altimètre sur le GPS et garde un œil attentif sur les enfants. Pas facile lorsque les paysages que nous traversons sont si beaux et si variés qu’ils ne peuvent qu’attirer toute notre attention. Nous apercevons un premier lac salé et les premières vigognes qui sont à la recherche d’herbe dans cette étendue immense et aride. Les sommets des montagnes et des volcans qui apparaissent à l’horizon sont enneigés. Nous arrivons à la frontière : "Paso de Jama, 4200 mètres ". "Ca va les enfants? " Tout va bien. Nous passons la douane argentine en une demi-heure. La douane chilienne se trouve à San Pedro de Atacama, 150 kilomètres plus loin. En route. Yann pâlit un petit peu et se plaint d’avoir mal à l’estomac. Sophie m’incite à accélérer afin d’amorcer la descente vers des altitudes plus décentes. De toute façon, nous pensons avoir atteint le point culminant après le passage de douane. La route longe des lacs magnifiques. Yann sursaute et vient nous rejoindre à l’avant dans l’espoir d’apercevoir quelques flamants roses sur ces lacs de l’Altiplano. La plupart des lacs sont gelés à cette altitude. Ceci explique pourquoi nous ne rencontrons qu’un seul flamant rose. Celui-ci semble avoir perdu son groupe, parti sans doute vers le salar d’Atacama, 2000 mètres plus bas.


Des lacs, des sommets enneigés, des vigognes, des lamas, le salar, un soleil étincelant sur des plaines balayées par un vent andin tonitruant, nous sommes éblouis par ces paysages.
Par contre, le GPS indique une altitude de 4838 mètres. Ca, ce n’était pas prévu au programme. D’autant plus que nous nous trouvons sur un plateau. Ce n’est finalement qu’au bout d’une heure que nous commençons à descendre. Le pauvre Yann a vomi quatre fois.

Il reste 25 kilomètres à faire avant d’arriver à San Pedro de Atacama qui se trouve 2000 mètres plus bas. A partir d’ici, la route est une longue pente ininterrompue et rectiligne. Un chauffeur distrait y brûlerait ses plaquettes de freins en une seule descente.
Arrivés en bas, alors que la route reprend enfin un profil normal, nous nous arrêtons à la douane chilienne. La dame du contrôle sanitaire nous autorise à garder nos deux derniers pots de confiture de Bonne-mamy. Merci pour cette cordialité.
Nous entrons dans San Pedro de Atacama. A première vue le centre ville semble être réservé aux piétons. Après en avoir fait deux fois le tour par sa périphérie, la ville ne nous semble même pas si grande que ça. Nous trouvons un petit camping proche du centre. Yann a repris toutes ses couleurs. Mais quelle journée !
Sans aucun doute, ce passage vers le Chili nous a marqué. L’amalgame des situations – l’altitude, le gel, la douane, le malaise de Yann, l’inquiétude de Sophie – et des paysages de l’Altiplano époustouflants nous laisse le sentiment d’avoir réalisé un exploit. Aujourd’hui, nous considérons notre aventure et la découverte de cette région merveilleuse comme un exploit personnel accompli en famille.