Cordoba en famille (Argentine) - 14/10/07 au 6/11/2007

Dimanche 14 octobre 2007, aujourd’hui nous tournons la barre à 180 degrés et remontons vers le nord. Bien malin celui qui pourrait anticiper nos mouvements en examinant notre itinéraire depuis le début du voyage, car celui-ci défie toute logique. Si nous interrompons notre descente vers le sud de la Patagonie, c’est parce que nous avons une très bonne raison de le faire. En effet, les parents de Sophie débarquent à Cordoba dans une semaine et nous allons y passer une dizaine de jours ensemble. Nous irons également rendre visite à Virginia, la cousine de Sophie, qui habite dans la région.



En quittant la Péninsule de Valdes, nous faisons un dernier au revoir aux baleines depuis la plage Las Canteras, puis piquons vers le nord. Nous passons une nuit à Las Grutas et en profitons pour faire un petit coucou à Els, comme nous nous l’étions promis.

Jeudi 18 octobre 2007, Après trois jours de route nous entrons dans la ville de Cordoba avec deux idées en tête. La première, d’ordre pratique, est d’emmener Idéfix dans un garage Fiat afin de faire réparer enfin ce problème sur la roue avant gauche qui provoque des "doink doink" et nous fait mal au cœur et aux oreilles depuis deux mois. La seconde, d’ordre sentimental, est de filer tout de suite vers Jesús Maria afin de rencontrer Virginia et sa famille.

Le garagiste Fiat nous accueille aimablement. Cependant, Idéfix ne peut entrer dans l’atelier à cause de la trop forte dénivellation. Les mécaniciens sortent tout leur matériel et se mettent à déboulonner Idéfix sur le trottoir. Le diagnostic est on ne peut plus clair : l’amortisseur gauche est cassé. Il fait dire que nous nous en doutions quand même un peu. Deux mécaniciens mettent la main à la pâte. Ils en profitent de temps à autres pour prendre une petite photo de notre "casa rodante"ou demandent un "avis" à leurs autres collègues, tous aussi avides de jeter un petit coup d’œil à notre motorhome. Au bout de six heures, alors que tout le personnel du garage est venu pointer son nez curieux sous et au-dessus de notre châssis, nous pouvons repartir. Idéfix est tout a fait retapé et glisse sur la route tel un champion de ski dans la poudreuse. Bonne chose de faite !

Aux alentours de 18 heures, nous arrivons à Jesús Maria et passons le portail du camping "Los Nogales". Virginia et son mari, Carlos, sont les gérants du camping. Voyant entrer un motorhome avec une plaque belge, il ne leur faut pas beaucoup de temps pour réaliser qui nous sommes. Virginia a quitté la Belgique il y a trente ans, mais elle était au courant de notre voyage et savait que nous viendrions lui dire bonjour un jour ou l’autre.

Les retrouvailles et les présentations sont émouvantes et chaleureuses. Les quatre enfants de Virginia – Maria, Angela, Sophia et Valentin – prennent Yann et Pauline par la main. Carlos nous indique la meilleure place du camping. Nous avons tant de choses à nous raconter. Ca tombe bien, nous avons tout notre temps …

Vendredi 19 octobre 2007, l’accueil de Virginia et Carlos est si chaleureux que nous nous sentons déjà comme chez nous. Nous passons des heures à discuter pendant que les enfants jouent ensemble. Carlos est un roi de la cuisine et nous prépare en "asado" (grillade) une viande d’une telle saveur que le souper ne demande ni légumes ni pommes de terre, … pourvu qu’il y a ait un petit verre de vin. Les journées défilent, l’amitié nous lie, les grillades s’enchaînent, les soirées se prolongent, les enfants dégustent, les cousines ne se lâchent plus, les hommes se tiennent par l’épaule et observent en silence.

Les argentins sont débrouillards. C’est ainsi que Carlos fait venir un de ses amis, afin qu’il puisse jeter un coup d’œil à notre ordinateur défectueux. Trois jours plus tard, notre ordinateur est réparé et nous avons récupéré toutes nos photos. Quel soulagement.

Nous apprenons qu’en Argentine il existe au moins 365 façons de découper ou de cuisiner la viande du bœuf - une pour chaque jour de l’année – et chaque découpe porte un nom différent. C’est à en perdre son latin. Entre-temps, Yann et Pauline apprennent des mots français aux enfants de Virginia et usent eux-mêmes du "vamos !" et du "Que tal ?" lorsqu’ils veulent attirer l’attention de ces derniers. Ce sont des moments délicieux.

Nous faisons la connaissance d’autres argentins. Ces rencontres nous permettent de renforcer notre opinion concernant les points principaux caractérisant les argentins. Ils sont accueillants, bon vivants, débrouillards et sont toujours prêts à s’entraider. Nous leur attribuons néanmoins deux petits défauts qui ne manquent pas de nous faire sourire. Premièrement, ils sont très curieux et adorent entamer la conversation afin d’en savoir un peu plus sur notre petite famille, notre provenance et notre maison roulante. Deuxièmement, l’argentin, qui est un campeur né, adore installer son campement, son barbecue et sa radio qui marche à tue-tête le plus près possible d’autres campeurs. La beauté de la vue et la tranquillité n’a aucune importance pour lui, pourvu qu’il puisse profiter de la compagnie et de l’intimité d’autres campeurs. Mieux vaut donc éviter les campings argentins en week-end…

Jeudi 25 octobre 2007, les parents de Sophie atterrissent à l’aéroport de Cordoba. Toute notre petite famille de nomades avait décompté les jours précédents les retrouvailles depuis plusieurs semaines, et voici maintenant qu'ils franchissent la porte des arrivées. Après les embrassades poignantes, nous invitons papa et maman à prendre place dans Idéfix et à partager notre mode de vie le temps de nous rendre à La Paz, au nord de Cordoba, où nous passerons quelques jours à l'hôtel. Nous passerons une dizaine de jours ensemble. Il faut bien ça pour se raconter tout ce que nous avons vécu respectivement durant ces six derniers mois. Yann et Pauline sont tout aussi excités que nous.

Le soir, nous retrouvons la famille de Carlos et Virginia et partageons un délicieux repas. Peu importe qu'on parle français ou espagnol, les sujets de conversation ne manquent pas.



Samedi 27 octobre 2007, la région de Cordoba est très jolie. Il y a beaucoup de verdure et les terres sont cultivées. Les abords des routes sont soignés. Nous traversons plusieurs quartiers résidentiels qui n'ont rien à envier aux quartiers huppés de Bruxelles ou de Knokke-Le-Zoute. Idéfix hisse ses six passagers sur les colines à l'ouest de Cordoba, traverse des paysages de roches et de ruisseaux et nous dépose à Villa Merlo, petite bourgade tranquille au doux microclimat.

Il y a peu de choses à visiter dans la région mais nous profitons du calme et des retrouvailles avec les parents de Sophie. Quelques jours plus tard nous passons par la Quebrada del Condorito, d'où nous profitons d'une vue panoramique sur la vallée avoisinante. Malheureusement, nous n'avons pas la chance d'apercevoir un condor survoler notre mirador de ses ailes à l'envergure impressionnante.

Nous passons les trois derniers jours de notre séjour ensemble à Villa General Belgrano. Cette ville a été colonisée après la guerre par quelques allemands et ressemble assez fort à une station de ski. Evitant les choucroutes garnies et les apfelstrüdel, nous parvenons néanmoins à dénicher un excellent restaurant, servant un délicieux vin rouge de la région de Mendoza. Avides de visiter le coin, nous décidons de nous orienter vers La Cumbrecita, petit village isolé, situé dans un creux d'une région montagneuse et boisée de pins. L'aspect tyrolien du village nous surprend un peu et dénote avec ce que nous connaissions de l'Argentine. Si ce lieu touristique est l'un des endroits de prédilection des argentins, nous de notre côté, préférons profiter d'une jolie balade aux alentours du village, le long de ruisseaux et de petites cascades.

Dimanche 4 novembre 2007, déjà le jour des au revoir. Maman et papa reprennent la route des airs. Quel plaisir de vous avoir revus. Bon voyage! Notre petite famille reprend sa place dans Idéfix et nous retournons nous consoler du départ de maman et papa chez Virginia et Carlos. Nous y resterons quelques jours, puis reprendrons la route vers de nouvelles aventures.