Bariloche et la région des sept lacs (Argentine) - 08/03/08 au 27/03/08

Samedi 8 mars 2008, nous entrons en Argentine pour la septième fois depuis le début de notre aventure sud-américaine. Cap sur San Carlos de Bariloche. Bariloche est l’une des grandes destinations touristiques du pays. On y fait du ski en hiver, on y contourne de multiples lacs en été et toute l’année on y trouve du chocolat. Si nous nous dirigeons en ce moment vers cette ville aux allures de grand village suisse, c’est avant tout parce que nous y avons rendez-vous. Nous longeons le gigantesque lac Nahuel Huapi et nous nous installons dans un camping en dehors de la ville, au bord de ce lac.





Nos amis sont déjà là. Nous sommes accueillis par Yann et Géraldine (France), Coen et Karin (Pays-Bas), ainsi que Dom et Diane (Canada). Plus tard dans la soirée arrivent d’autres voyageurs : Jan et Gerda (Pays-Bas) ainsi que François et Nicole avec leur fils Noane (Suisse). Nous revoilà partis pour quelques jours à savourer les échanges d’expériences de voyage, les grillades et les vins argentins.

Du dimanche 9 mars au dimanche 16 mars 2008, Pauline étant légèrement malade, j’emmène Yann en ville afin de visiter le musée du chocolat. Comme le temps d’attente pour se joindre à la prochaine visite guidée est trop long, nous décidons de changer le programme de la journée. Nous prenons un télésiège et montons jusqu’au Cerro Viejo, d’où nous avons une superbe vue sur le lac. Yann est tout excité car il a repéré des luges d’été qui permettent d’effectuer la descente vers la ville. Yahouou ! Une minute et quinze virages endiablés plus tard, nous revoilà en bas. Juste à temps pour attraper le prochain bus qui nous ramène au camping.

Le mardi, cette fois avec Sophie et Pauline, nous entrons dans le musée du chocolat. Nous y apprenons que le chocolat blanc est bel et bien fait à base de cacao, mais qu’il contient uniquement le "beurre de cacao", une matière grasse et jaunâtre. Le chocolat noir contient, en plus, de la "liqueur de cacao", qui donne au chocolat son goût légèrement amer. Depuis ses origines et jusqu’au dix-huitième siècle, le chocolat a toujours été une délicatesse destinée aux cultes religieux, aux cours royales et aux nobles. Jusqu’alors d’ailleurs, celui-ci n’était toujours consommé que sous forme de breuvage. Ce n’est que bien plus tard qu’un certain Van Houten a trouvé le moyen de le préparer en poudre, puis sous la forme solidifiée que nous connaissons aujourd’hui. Nous sommes consternés de ne pas voir apparaître un seul nom belge dans toute l’histoire du chocolat. Bon, tant pis, peut-être faudrait-il que nous trouvions un musée de la bière.



Le jeudi, nous levons le camp et prenons la route en direction du glacier noir et le Monte Tronador. A peine avons-nous roulé 20 kilomètres qu’Idéfix commence à réclamer de quelques vibrations inquiétantes. Un voyant rouge s’allume sur le tableau de bord, alors qu’Idéfix peine à surmonter une petite côte. Nous faisons demi-tour et partons à la recherche d’un garage. La cause de la panne est rapidement trouvée. Un mauvais contact électrique sur l’un des injecteurs faisait que le moteur n’avait plus assez de puissance. Il est néanmoins 17 heures lorsque nous quittons le garage. Nous retournons donc au camping de Bariloche.

Ce soir même, nous apprenons que la piste qui monte jusqu’au glacier est assez difficile. Nous hésitons donc à y retourner un autre jour.

Lundi 17 mars 2008, nous prenons congé de nos amis. Chacun reprend sa route. Idéfix et son équipage se rendent au Lago Gutierrez, dans le Parc National Nahuel Huapi, à quelques kilomètres de Bariloche. Coen et Karin-Marijke (nos amis hollandais) nous ont fait connaître un site internet qui regroupe des coordonnées de lieux, situés dans le monde entier, où des participants ont caché un trésor. Le Lago Gutierrez étant un de ces lieux, nous saisissons l’occasion afin de faire une chouette balade. Armés d’une boussole, d’une carte de la région et du point GPS de l’emplacement du trésor, nous commençons par une réunion de briefing avec les enfants. "Le trésor est au nord de notre position actuelle. Prenez la boussole et nous vous suivons."



L’excitation des enfants se lit sur leurs visages. Inutile de préciser que la balade s’est faite au pas de course. Nous longeons le lac et profitons de la nature. Nous apercevons un groupe de kayakistes qui ont l’air de se diriger vers le même point que nous. Nous suggérons aux enfants de presser le pas afin que le trésor ne nous file pas sous le nez. Les kayakistes mettent pied à terre et… déballent leur pique-nique. Plus que quelques mètres et le trésor est à nous. "Ca y est, on l’a trouvé ! " s’exclament les enfants. Ils découvrent une boîte en plastique contenant toutes sortes de babioles. Les enfants en choisissent une et y replacent une autre à titre d’échange. Nous remplissons le registre des chasseurs de trésor, qui n’est rien d’autre qu’un petit carnet qui se trouve dans la boîte. Une fois la boîte remise dans sa cachette originale, nous rebroussons chemin. Bizarrement, nous marchons moins vite qu’à l’allée.



Mardi 18 mars 2008, après la classe des enfants, nous partons en balade dans les environs du lac. Nous traversons un bois dense pour aboutir au pied d’une petite cascade. Quelle tranquillité !

En fin d’après-midi, nous reprenons la route en direction de Confluencia. Peu avant Confluencia nous traversons une vallée dite enchantée. La vallée "encantado" est nommée ainsi à cause des différents rochers qui surplombent les collines vertes. Ces rochers ont des formes de personnages fantastiques changeants selon l’humeur et la capacité d’imagination de l’observateur.



Mercredi 19 mai 2008, nous voilà à San Martin de Los Andes. D’ici, on peut rejoindre Bariloche en empruntant la fameuse "route des sept lacs". Nous décidons d’en faire qu’une partie afin de préserver Idéfix de pistes supplémentaires. Nous effectuons donc un aller-retour sur la partie asphaltée de la route et parvenons néanmoins à apercevoir quatre lacs. La journée n’en est toutefois pas moins agréable et certains points de vue sont somptueux.



Tout au long des nombreux kilomètres de route, que nous avons parcourus en Argentine, la nature, les maisons, les personnes et les paysages sont différents d’un endroit à l’autre. Une seule chose ne change pas, les petites chapelles érigées à l’effigie de la défunte Correa ou à celle du gaucho Antonio Gil. Tout comme pour la Défunte Correa, les argentins vénèrent "El Gauchito" car son histoire recèle un miracle. Fin du 19ème siècle, il aurait déserté l’armée avec deux autres soldats. Pendant leur fuite, ils volaient les riches et partageaient leurs butins avec les pauvres. Mais un jour le trio fut attrapé. Peu avant sa mise à mort El Gauchito dit à son tortionnaire que s’il l’enterre, le fils très malade du tortionnaire guérirait. Bien évidemment, le bourreau n’en crut pas un mot. Mais plusieurs jours après la mort d’Antonio Gil, la maladie du fils du bourreau ne faisait que s’aggraver. Le père décida donc d’enterrer le corps du déserteur. Le fils fut rapidement guéri. Tout le monde parlait de ce miracle et ainsi est née une légende.



De nombreux camionneurs s’arrêtent régulièrement devant les petites chapelles construites sur le bord des routes. On ne peut d’ailleurs pas passer à côté sans les remarquer, qu’elles soient grandes ou petites, car tout y est en rouge. La chapelle est rouge, et de nombreux drapeaux et ficelles rouges accrochés aux arbres ou aux fils barbelés annoncent la présence d’une chapelle du Gauchito Gil. Pour certains argentins il est impensable d’entamer un voyage ou un long trajet sans s’arrêter à l’une de ces chapelles.

Vendredi 21 mars 2008, avant d’entamer la route vers Cordoba, plus précisément vers Jesus Maria où nous souhaitons fêter les anniversaires de Virginia et Pauline, nous choisissons de passer encore une nuit au pied de la Cordillère des Andes. Des amis allemands nous ont parlé d’un joli lac situé au nord de San Martin de Los Andes, le Lago Lolog. Arrivés là-bas, nous trouvons sans difficultés un bel endroit où passer la journée et la nuit au bord de l’eau. Il fait beau, chaud, calme, bref c’est vraiment "tranquilo". Enfin, pendant une heure… Petit à petit arrivent des voitures d’argentins. Il y en a des vieilles, des neuves, des petites, des grosses, bref, le mixe normal en ce qui concerne les bagnoles dans ce pays. Par contre, ce qu’ils tirent à l’arrière de leur véhicule nous étonne de plus en plus : bateaux de pêche (mais à moteur, pas à la rame), quads, kayaks et scooters des mers ! On se croirait à l’endroit "M’as-tu vu (et entendu) ? " de l’Argentine. C’est la Semaine Sainte et tout le monde est en congé. Notre après-midi tranquille de lecture et de sieste se transforme en après-midi de joie d’observation du comportement des uns et des autres. Les enfants ne s’en plaignent guère, tant qu’ils peuvent barboter dans l’eau, ils sont contents. Vers 20 heures, après avoir aidé les derniers traînards à sortir leur bateau de l’eau, nous retrouvons avec plaisir le calme de ces lieux.



Dimanche 23 mars 2008, Joyeuses Pâques ! Surprise, pour le plus grand bonheur des enfants, les cloches passent également en Argentine ! Après la chasse aux œufs, qui n’est pas très longue vue la taille de notre maison, nous partons à Plaza Huincul, à moins de 100 kilomètres à l’ouest de Neuquen. La région de Neuquen est connue pour les nombreux squelettes de dinosaures découverts sur ses terres. Au musée municipal de Plaza Huincul, nous découvrons le plus grand dinosaure au monde trouvé jusqu’à ce jour. Les paléontologues l’ont nommé "Argentinosaurus huinculensis". Disons que nous ne nous sentons pas très grands à côté de ce monstre de 40 mètres de long et de 18 mètres de haut.



Mardi 25 mars 2008, drôles de routes, drôles de rencontres. Nous nous approchons de la ville de San Luis et nous ne sommes pas mécontents de lire sur notre carte routière que nous pouvons y emprunter une autoroute. Par contre, arrivés à la rampe d’accès, nous hésitons. Celle-ci n’est que cailloux et trous ! Une fois de plus, nous nous disons qu’ils sont fous ces argentins. Finalement, nous nous lançons, nous prenons la rampe d’accès et arrivons sur une belle autoroute. Mais il n’y a pas un chat, pas une seule voiture. "Avons-nous le droit de rouler sur cette route, ce n’est pas normal, c’est trop calme ? " Heureusement, une voiture roulant à vive allure nous dépasse et dans le bon sens.



Au bout de 50 kilomètres et après avoir vu une dizaine d’autres véhicules sur cette autoroute, une autre surprise nous attend. Nous apercevons de loin quelques soldats assis sur le bas-côté de la route. Deux d’entre eux nous font signe de nous arrêter. Que nous veulent-ils ? Normalement c’est la police qui effectue les contrôles routiers. Nous nous arrêtons et voilà que commence le questionnaire classique : "D’où venez-vous ? Où allez-vous ?". Et bla et bla et bla. "Mais que nous veulent-ils exactement ? " Soudainement arrive la question redoutée : "Una collaboración por favor ?". En d’autres termes, ils nous demandent de l’argent. Mais nous faisons les idiots et leur demandons : "Que collaboración?". Surpris ou non, ils finissent par nous demander des glaçons ! Voilà comment s’occupent certains militaires : ils arrêtent les voyageurs en espérant récolter de l’argent et repartent avec quelques glaçons pour leur apéro ! Ils sont vraiment fous ces argentins.

Mercredi 26 mars 2008, le petit monsieur du camping nous demande si nous avons été arrêtés sur la route. Nous lui racontons l’histoire avec les soldats… C’est sans savoir ce qui va suivre aujourd’hui et ce dont ce monsieur voulait nous parler réellement.

Nous quittons le village de La Toma avec une certaine émotion car nous allons passer par une région que nous avons visitée il y a quelques mois avec maman et papa. Au bout de quelques kilomètres seulement, notre émotion se transforme en impatience, ou dois-je dire en preuve de patience… Eh oui, nous venons à peine de parcourir une vingtaine de kilomètres que nous nous retrouvons à l’arrêt, dans une file provoquée par quelques manifestants. Elles sont vraiment supers les autoroutes argentines… ! Apparemment, il s’agit d’agriculteurs. La route est barrée par des tracteurs, par d’énormes pneus et des grosses piques en fer. Tout le monde semble relativement calme. Les manifestants distribuent des tracts. Nous allons pouvoir comprendre le pourquoi. Apparemment, les agriculteurs sont en colère contre le gouvernement. Lorsqu’ils déduisent tous les frais et toutes les taxes, il ne leur reste plus que 3 % de bénéfices. Ce ne sera que les prochains jours que nous découvrirons les buts réels des manifestants et les conséquences de tels barrages dans un pays comme celui-ci.

Jeudi 27 mars 2008, d’autres barrages (ici appelés "cortes") se dressent devant nous. Cependant les agriculteurs nous laissent facilement passer. Par contre, tout camion transportant des marchandises, peu importe qu’elles soient périssables ou non, est condamné à rester sur place. Ceci risque de perturber gravement le ravitaillement en produits laitiers, en viandes, en fruits et légumes ainsi qu’en carburants. Heureusement, nous arrivons à destination. Nous voilà à Jesus Maria.