De Cap Leeuwin à Cap Naturaliste (Australie) – 01/11/2008 au 07/11/2008

Samedi 1 novembre 2008, nous descendons vers le sud-ouest, vers les côtes boisées, les grottes et les vignobles. Dès les premiers kilomètres qui nous séparent de la région de Perth, nous sommes frappés par le contraste qu'il y a entre ces régions-ci qui sont riches et boisées et le "bush" du nord-ouest. Tout semble tellement différent du nord. Nous ne cessons d'écarquiller les yeux. Au nord, nous nous sentions en Australie, ici, au sud, on se croirait à Miami. Des quartiers et des maisons les uns plus luxueux que les autres déjà construits ou en pleine construction émergent de chaque côté de la route. Dans certains de ces quartiers, des canaux ont été creusés entre les rangées de maisons, les reliant au lac ou à la mer. Ainsi, chaque villa a d'un côté la rue, où garer sa belle voiture et de l'autre côté un ponton où amarrer son yacht. A voir le nombre de terrains à vendre et le nombre de villas construites, cela semble avoir un succès dingue. Dire qu'il y a actuellement une énorme crise économique en Europe... Ici, il ne semble y avoir aucun souci.





Dimanche 2 novembre 2008, non loin du centre-ville de Bunbury, sur les rives d'un estuaire, nous tombons sous le charme d'un petit coin recouvert de mangroves. Une petite passerelle passe entre ces arbres qui ont les pieds dans l'eau et dont les racines remontent vers le ciel à la recherche d'oxygène. Nous passons la nuit à Busselton. Durant la nuit, des bruits étranges éveillent notre curiosité. Au-dessus d'Idéfix, une famille d'opossums se régale des fruits d'un arbre.



Lundi 3 novembre 2008, Busselton, ville située dans la Géographe Bay, était une ville portuaire très importante à la fin du 19ième et au début du 20ième siècle. La région était réputée pour son bois et elle vivait en grande partie grâce à l'exportation de celui-ci. L'attraction principale de la petite ville de Busselton est sa jetée, longue de 1800 mètres et en forme d'un Y. Jadis, un train roulait sur cette jetée afin de charger de bois les bateaux amarrés tout au bout de la jetée. Oui, une des branches du Y était une voie ferrée. Aujourd'hui, nous nous promenons sur cette partie-là de la jetée. L'autre partie fut détruite dans les années 70 par un cyclone.

Maintenant, la jetée est surtout le lieu de prédilection des pêcheurs de crabe. Ils lancent leur nasses dans l'eau et les attachent, à l'aide d'un filin, aux poutres en bois de la jetée. Même si la pêche est bonne, elle est réglementée. Chaque pêcheur ne peut emporter chez lui que dix crabes et ce uniquement pour consommation personnelle.



Nos enfants ont pris leurs cannes à pêche. Nous nous mêlons donc à la population locale et passons une bonne matinée à pêcher. Mais nous ne mangerons pas de crabe ce soir.

Vers midi, nous rejoignons Idéfix et roulons une vingtaine de kilomètres, jusqu'à Yallingup. Les plages près de ce village seraient mondialement réputées pour le surf. Mais pas un surfeur en vue. Le ciel se couvre de plus en plus et le vent souffle de plus en plus fort. Arrivés au bord de la mer, nous sommes tous les quatre impressionnés par la taille des vagues. Elles sont énormes! Nous entendons Yann dire à Pauline:" Waw, ce serait chouette d'aller sur ces vagues avec nos planches de surf!"... "Rêve toujours..." pensent les parents!



Mardi 4 novembre 2008, nous sommes dans la région de Margaret River. La côte, longue d'une centaine de kilomètres est délimitée par deux caps. Le Cap Leeuwin au nord et le Cap Naturaliste au sud, forment le Leeuwin-Naturaliste National Park. Entre les deux caps, diverses routes mènent vers des plages de surf, des vignobles ou des grottes. Si la route principale s'appelle "Caves Road", ce n'est pas pour les caves à vin, mais bien pour les nombreuses grottes ("caves" en Anglais) qu'elle longe.



Le phare du Cap Naturaliste domine une région boisée. Nous arpentons les petits sentiers qui s'y enfoncent et qui donnent sur l'océan. Nous apercevons deux baleines à bosse qui contournent le cap avant de continuer leur descente vers les eaux froides de l'Antarctique. Sur le sentier, Yann et Pauline marchent devant nous. Un serpent sort des buissons au moment où les enfants passent, il lève la tête, nous nous arrêtons et les enfants continuent sans se rendre compte de quoi que ce soit. Finalement, le serpent file devant nos yeux médusés et glisse dans les fourrés de l'autre côté.
Cette superbe balade de 4 km se résume en quelques mots: du vent, de la pluie, du soleil, des vues sur l'océan Indien, des énormes vagues, des baleines que nous apercevons au loin, un serpent qui passe devant nous sur le sentier, des oiseaux qui ne cessent de siffler, du parfum des fleurs, tout y est.



Mercredi 5 novembre 2008, quelques grottes, situées le long de la Caves Road, sont ouvertes au public. Nous choisissons de visiter aujourd'hui la "Ngilgi Cave". En attendant le guide, nous lisons une des nombreuses histoires des Aborigènes. Celle-ci concerne évidemment cette grotte. C'est une histoire racontée de père en fils: "Il y a très longtemps, de nombreux Aborigènes vivaient en ces lieux. La nature leur donnait toute la nourriture nécessaire. Ils venaient boire de l'eau fraîche à proximité de la grotte. Un jour, un mauvais esprit, appelé Wargoin, fit de ce bel endroit un enfer. Il emprisonna une partie de la tribu des Aborigènes dans la grotte et fit disparaître toute source de nourriture. Les Aborigènes n'eurent plus rien à manger, ni à boire. Le bon esprit de l'océan, appelé Ngilgi, fut désolé de voir ce peuple souffrir tant. Il demanda de l'aide aux autres esprits de l'océan afin de combattre ensemble Wargoin. C'est ainsi, qu'un jour il y eut tant d'éclairs et un orage si terrible que la grotte trembla. Le vent souffla si fort et poussa de toutes ses forces les énormes vagues vers la terre. L'eau rentra dans la grotte et obligea Wargoin à se réfugier tout au fond. Wargoin eut tellement peur qu'il demanda pitié aux bons esprits de l'océan. Ces derniers acceptèrent de le laisser partir mais à condition de partir très loin et de ne plus jamais revenir. Wargoin accepta. Il eut tellement hâte de partir qu'en sortant de la grotte il y fit un énorme trou. Dès lors, la faune et la flore vécurent à nouveau en ces lieux et la grotte fut à nouveau une source d'eau douce. Les Aborigènes purent à nouveau vivre heureux. Cette ainsi que cette grotte reçut le nom de Ngilgi."

Yann et Pauline, fascinés par cette histoire descendent avec nous dans la grotte. La grotte est aménagée pour les visites et les éclairages la mettent en valeur. Lorsque nous arrivons devant une gigantesque salle souterraine, dont le plafond est recouvert de millions de stalactites, les enfants restent muets. Nous descendons ensuite jusqu'à 37 mètres de profondeur admirant une multitude de formes calcaires aux géométries diverses. Lorsque nous nous couchons sur le dos sous le plafond d'une salle remplie de stalactites, nous avons l'impression d'avoir au-dessus de nous une voûte céleste peuplée de milliers d'étoiles.



En quittant la grotte, les enfants nous demandent de raconter encore l'histoire de Ngilgi. Nous le faisons avec plaisir tout en roulant sur la Caves Road à la recherche d'une autre spécialité locale. Nous nous arrêtons à l'une des nombreuses "wineries" (producteurs viticoles) pour y faire une petite dégustation. Notre choix se porte sur un Cabernet Sauvignon 2003 dont nous stockerons quelques bouteilles dans Idéfix.



Jeudi 6 novembre 2008, la route est agréable. Nous longeons toujours des vignobles. Mais soudainement, nous sommes surpris, nous nous retrouvons au milieu d'une forêt avec d'énormes arbres. Il n'y a quasi pas de sous-bois. Les troncs lisses et clairs sont immenses. Nous sommes impressionnés par la beauté et la clarté de cet endroit. Ce n'est que plus tard, que nous apprenons que ce sont des karri, arbres de la famille des eucalyptus. Cet arbre pouvant atteindre 90 mètres de hauteur, est le troisième plus grand arbre au monde. C'est dans le livre de Jules Verne "Les enfants du Capitaine Grant", que nous lisons en ce moment (merci Pierrot de nous avoir parlé de ce livre), que nous apprenons pourquoi il ne fait pas sombre dans cette forêt. Apparemment, les feuilles de ces arbres tournent leurs bords vers le soleil afin de diminuer au maximum l'évaporation de l'eau qu'elles contiennent. Cette théorie se confirmera plus tard.

En début d'après-midi nous nous arrêtons à une grotte appelée "Jewel Cave". Cette fois, nous descendons jusqu'à 48 mètres sous terre. Nous essayons de nous mettre à la place de l'homme qui fut le premier à explorer cette grotte, pendu à une corde et tenant à la main une bougie. Les formations calcaires sont encore plus diverses et plus jolies que dans la grotte que nous avons visitée hier. Un stalagmite, large de deux mètres, semble avoir été sculpté au burin. Les motifs font penser à une forêt de karri...



Vendredi 7 novembre 2008, nous voilà au deuxième cap, le Cap Leeuwin. Le phare du Cap Leeuwin, construit en 1895, trône au dessus de la ligne imaginaire où l'Océan Indien rencontre l'Océan Austral. La ligne ne se voit, bien sûr, pas à l'œil nu. Mais elle se devine là où les vagues et les courants semblent se contredire.



A quelques centaines de mètres du phare, se trouvent les restes d'une vieille roue à eau rongée par le sel. Celle-ci servait à pomper de l'eau de source vers le phare lors de sa construction.



Après la visite de cette belle région, nous nous dirigeons un peu plus vers l'intérieur du pays où la taille des karri et d'autres eucalyptus nous donnera encore le tournis.