Des montagnes, des baies, et la Plaine de Nullarbor (Australie) –16/11/2008 au 4/12/2008

Dimanche 16 novembre 2008, les Porongorups sont considérées comme les plus vieilles collines du monde. Nous nous promenons dans la forêt de karri qui tapisse le pied de cette douzaine de collines aux sommets chauves.




Marchant de bon pas, nous approchons du sommet du "Devil's Slide", la colline la plus élevée des Porongorups. Les enfants, qui ont retrouvé toute leur énergie en escaladant les rochers qui nous séparent du sommet, sont impressionnés par la vue panoramique qui nous est offerte.





Nous dépassons la cime des derniers arbres. Seules quelques fleurs sauvages poussent entre les rochers aux formes arrondies. A scruter les plaines et les champs dans le contrebas, nous avons presque manqué de voir le grand lézard noir tapi sur une pierre derrière nous.



Lors de notre retour vers Idéfix, les enfants se laissent emporter par les longues descentes et s'amusent à faire des courses. Les jambes de Pauline vont tellement vite qu'on se demande comment elle fait pour ne pas tomber.

Lundi 17 novembre 2008, depuis hier soir il pleut sans cesse. Après l'école, nous profitons néanmoins d'une accalmie pour nous rendre au Mount Hassell, dans le Stirling Range National Park. Selon nos informations, la promenade ferait 4 kilomètres aller-retour. C'est bien emmitouflés que nous entamons la montée de cette montagne. Et ça monte du premier au dernier mètre. Les enfants, ravis de grimper sur des cailloux, des rochers, entre une végétation parfois très dense, s'encouragent mutuellement. Après une heure de marche et deux kilomètres d'ascension, nous arrivons au sommet. Ouf! Le temps de prendre quelques photos de notre exploit et de la vue qui nous entoure, les premières gouttes de pluie se font sentir. De gros nuages gris viennent droit sur nous et cachent les sommets des autres montagnes.



Malgré la pluie, les enfants ne se découragent pas. Mais il faut dire qu'être chacun à son tour premier de cordée leur plaît beaucoup. Sautillant d'une pierre à l'autre, faisant travailler les muscles des jambes au maximum lors des descentes abruptes semées de petits cailloux, nous arrivons en bas en une heure. Yann, heureux de retrouver Idéfix, va lui faire un câlin sur le capot.



Mardi 18 novembre 2008, le but premier de notre visite du Stirling Range NP était de gravir le Bluff Knoll dont le sommet se trouve à 1095 mètres au-dessus du niveau de la mer. De là, on aurait accès aux plus beaux panoramas. Mais, apparemment, il est déconseillé d'y monter par temps humide. Vu que la pluie ne cesse de tomber, nous ne voulons pas prendre de risques. Autant continuer notre petit bonhomme de chemin. En route donc vers Esperance où il y aurait de très jolis sites le long de la côte. Est-ce que le soleil viendra nous y réchauffer?

Jeudi 20 novembre 2008, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de la ville d'Esperance, nous entrons dans le Cape Le Grand National Park. Nous longeons des prairies peuplées de vaches et d'émeus. Le paysage est parsemé de rochers arrondis qu'on appelle ici des "peaks". Tel le "Frenchman's Peak", le plus intrigant de tous parce qu'en son sommet on aperçoit le ciel bleu à travers une énorme cavité. Nous longeons la côte, itinérant de baie en baie jusqu'à celle de "Lucky Bay", où nous comptons établir notre campement. Lorsque nous arrivons sur les lieux, nous sommes subjugués. Cette petite baie est sans doute la plus belle qu'il nous ait été donné de voir. Bien que le ciel soit relativement gris, l'eau turquoise est d'une clarté incroyable. Les vagues viennent gentiment se poser sur une plage de sable blanc s'étirant sur trois kilomètres. De chaque côté, la plage est délimitée par des rochers arrondis. Au large, une dizaine d'îlots aux formes harmonieuses clôturent ce panorama de toute beauté.



Du vendredi 21 au jeudi 27 novembre 2008, Idéfix est garé aux premières loges. Nous ne quitterons pas cet endroit pendant huit jours. Nous aurons cette même vue sous la pluie, en plein soleil, sous la brume et sous les étoiles. Difficile de s'en lasser. Nos activités varient selon la météo, qui est imprévisible.



Sur le site de geocaching (http://www.geocaching.com), nous avons repéré qu'un trésor est caché dans cette baie. Munis du GPS, de boussoles et de nos KW, nous partons à la recherche du trésor. Selon le GPS, le trésor se trouve à l'autre extrémité de la baie. Trois kilomètres de plage de sable blanc nous séparent de notre but. Le grand navigateur Flinders, qui fut le premier à contourner toute l'Australie, ancra dans cette magnifique baie en 1802. A cette époque il n'y avait pas encore cette boîte en plastique cachée sous un rocher. Néanmoins, la beauté de ce lieu l'émerveilla certainement autant que nous.



Après une bonne heure de marche, nous arrivons dans les parages du trésor. Il ne faut que quelques minutes aux enfants pour le débusquer. Les enfants y placent une petite boîte de crayons de couleur en échange de la petite bricole qu'ils en sortent. C'est le troisième trésor que nous trouvons. Après celui d'Argentine et de Belgique, voici notre premier trésor australien.



Nous rentrons "à la maison" en début de soirée, après une marche de sept kilomètres. Les enfants sont à peine fatigués. Sophie, qui a pris l'habitude de préparer elle-même notre pain quotidien, met la main à la pâte. Nous aurons du pain tout frais au petit déjeuner.



Les jours suivants et dès que les rayons de soleil apparaissent, nous en profitons pour sortir. La fin d'après-midi est le moment idéal pour apercevoir des kangourous sur la plage. Nous en avons vu des photos, mais pensons que c'est plutôt rare. Quelle est notre excitation lorsque nous les apercevons face à cette mer bleue turquoise! Nous essayons de nous en approcher tout doucement. Que c'est beau.



Au sud de la baie quelques rochers offrent un lieu idéal pour la pêche. Nous partons régulièrement nous y installer. Yann est le seul à pêcher un poisson. Qu'il en est fier! Même si la pêche n'est pas très fructueuse, nous aimons nous installer sur ces rochers et sentir les rayons du soleil nous réchauffer. Et quel spectacle! Grâce à l'eau si limpide, nous voyons les poissons s'approcher de nos appâts, en mordiller quelques morceaux et s'enfuir à nouveau. Les poissons ne sont pas grands mais il y en a de toutes les couleurs.




Habituellement, Yann et Pauline portent eux-mêmes leur canne-à-pêche. Jusqu'au jour où par malchance, l'hameçon se décroche de la canne-à-pêche de Yann et s'accroche à sa paupière! Heureusement, plus de peur que de mal. Grâce au calme que Yann réussit à garder et à la patience de Damien, l'hameçon est enlevé en quelques minutes et il n'y a aucune marque sur la paupière.



Lorsque nous sommes arrivés dans cette baie, sous un ciel gris, nous nous étions dit que nous ne quitterions pas cet endroit sans l'avoir vu sous un soleil éclatant. Une météo très changeante offre de la pluie, mais également de beaux cieux bleus. Évidemment, ce jour-là, les enfants n'ont qu'une envie: se baigner. Quel plaisir, tant pour eux de sauter par-dessus les vagues, que pour nous de les contempler si heureux.




Le lendemain, l'arrivée d'une famille australienne avec deux garçons (de 9 et 5 ans) fera la joie de nos enfants. Ils ne ratent pas une seule occasion, que se soit entre deux averses ou entre deux promenades, de jouer au foot ou aux petites voitures. Et Pauline, sans complexes, participe avec plaisir à tous ces jeux de garçons.

Nous aussi, nous nous faisons des amis. Nous venons de retrouver Merryn et Mike, que nous croisons pour la cinquième fois en l'espace d'un mois. S'en suit, bien-sûr une petite soirée sympa. La soirée se prolonge et nous ouvrons les paris pour celui qui devinera à quel endroit nous nous recroiserons. "Catch you later!"



Avant de quitter ces lieux, il y a une dernière chose que nous aimerions faire dans la région: monter au sommet du "Frenchman's Peak". C'est sous un ciel un peu nuageux que nous entamons l'ascension. Celle-ci ne se fait pas sur un sentier mais sur des roches lisses et raides. Les enfants, insouciants, escaladent comme des petites chèvres. Damien les suit ou leur indique le meilleur passage. Sophie, pour la première fois de sa vie, lutte contre une sensation de vertige qui la pétrifie. Nous hésitons à redescendre, mais Sophie décide de continuer car elle sait qu'au sommet, il y aura une grande surface plate et horizontale.



Arrivés en haut, nous contemplons le paysage. Époustouflant! Nous profitons d'une vue à 360 degrés sur la côte et le parc de Cape Le Grand. Deux jeunes filles s'exclament en voyant Yann et Pauline: "How did these kids get here?". Non, ladies, ils n'ont pas été déposés en hélicoptère. Sophie a repris ses esprits et les forces lui reviennent. Nous attaquons la descente ...



Vendredi 28 novembre 2008, à l'ouest d'Esperance, les plages s'enchaînent, toutes plus belles les unes que les autres. Nous tombons néanmoins sous le charme de Twilight Beach. Magnifique. Les enfants ne résistent pas longtemps à l'envie de tremper les pieds dans l'eau. Au large d'Esperance, il y a une centaine d'îles, faisant partie du "Recherche Archipelago". Nous tentons en vain d'y repérer la silhouette de quelque lion de mer. La seule rencontre que nous faisons est celle de ... Merryn et Mike. Il n'a pas fallu bien longtemps pour les retrouver.



Pour clôturer notre visite de la région, nous longeons le lac dit "Pink Lake". Malheureusement, aujourd'hui, l'eau de ce lac un peu particulier est plus grisâtre que rose. Bon tant pis. Allons nous ravitailler car demain, nous entamons la longue route vers l'est!

Du samedi 29 novembre au mercredi 3 décembre 2008, nous nous apprêtons à reprendre la route. Et quelle route! En partant d'Esperance, nous aurons 1400 kilomètres à parcourir avant de rejoindre la Péninsule d'Eyre, en Australie-Méridionale, à l'ouest d'Adélaïde. Cette route traverse la plaine de Nullarbor, plaine désolée et calcaire, où certaines régions sont dénuées d'arbres (d'où le nom "Nullarbor"). Les Australiens qualifient cette route de hautement ennuyeuse. Nous sommes curieux d'en faire l'expérience, car la route longe tout de même 200 kilomètres de falaises qui surplombent l'Océan Austral. Cette côte, appelée "Great Australian Bight" représente le plus long enchaînement de falaises au monde.

Il y a quelques jours, l'on nous avait annoncé une tempête importante. Heureusement, seuls quelques éclairs et quelques gouttes de pluie nous avaient dérangés. Apparemment, la tempête est passée à quelques kilomètres d'Esperance. Sur la route entre Esperance et Norseman, nous devons nous arrêter quelques minutes. La route est complètement sous eau. Des hommes enlèvent de la boue et des branches qui traînent dans l'eau. La grêle est tombée en masse mercredi dernier et il y a toujours beaucoup d'eau sur les routes.



Nous atteignons Norseman, une ville minière dont la mine d'or est toujours en activité. A partir d'ici, nous montons sur la "Eyre Highway" en direction de l'est. Nous avons maintenant l'impression d'entrer dans un No Man's Land. Lorsque nous passons dans Balladonia, village indiqué clairement sur la carte, nous nous rendons compte que celui-ci n'est rien d'autre qu'une petite station service. La station fait également office de cafétéria, de motel, de camping, de laverie et de musée. Dans le petit musée, dont l'entrée est située à côté de la machine à café, est exposé un morceau de la station spatiale Skylab. Cette dernière s'est écrasée dans la région en 1979. Quelques coupures de presse témoignent de l'éphémère période de gloire qu'à connu le "village" de Balladonia lorsque tous les journaux du monde commentaient l'événement.




Les Australiens aiment les superlatifs. Le bout de route sur lequel nous nous trouvons maintenant est indiqué sur la carte comme étant "the longest straight stretch in Australia". Cette route est parfaitement rectiligne sur une distance de 146,6 km.



A intervalles régulières, la Eyre Highway fait également office de piste d'atterrissage en cas d'urgence pour ces médecins et infirmières qui viennent au secours des personnes éloignées des grandes villes. Ceci nous donne l'occasion d'expliquer aux enfants le rôle des "Flying Doctors".



Après environ 1000 km de route, nous passons de l'Australie-Occidentale à l'Australie-Méridionale (Western Australia et South Australia sont deux des sept États que compte le pays). C'est également ici que débute le Nullarbor National Park. Pourquoi une plaine si aride fait-elle partie d'un parc national? Ce n'est pas tant la plaine qui est intéressante, mais bien ce qu'il se passe en-dessous et au bout de celle-ci. Le sol de cette région est très calcaire. Lorsqu'il pleut, l'eau s'écoule immédiatement dans le sol. C'est parce que l'eau descend si bas que la végétation se fait très rare ici. Au-dessous de la plaine, l'eau rejoint des rivières souterraines. C'est un réel réseau souterrain de grottes et de rivières. L'on y a trouvé des squelettes d'animaux depuis longtemps disparus.



Au sud, la plaine s'arrête soudainement. Nous osons à peine nous rapprocher du bord car là se trouvent d'énormes falaises. Elles longent la Grande Baie Australienne pendant 200 kilomètres. Les falaises sont impressionnantes. Du haut de celles-ci, nos pieds n'osent se poser sur les bords fragiles, mais nos yeux veulent aller plus loin, pour mieux voir la force de la mer, le jeu des vagues qui frappent les unes après les autres la roche avec férocité et les éclaboussures qui semblent monter chaque fois de plus en plus haut.

Peu avant la fin de cette route, nous faisons halte près d'un petit tas de pierres... Suite à une panne, sur une des pistes qui partent de la Eyre Highway, un homme vint à pied jusqu'à la route pour trouver de l'aide. La deuxième voiture qui passa, s'arrêta. Les personnes repartèrent jusqu'à la prochaine ville pour envoyer une dépanneuse. L'homme dut attendre cinq heures. Pendant celles-ci, il construisit un petit mur de pierres pour s'asseoir. Il décida, pendant ces longues heures de réflexion, de cacher à cet endroit un trésor pour le "geocaching". L'histoire de cette cache nous amuse et les enfants ne demandent pas mieux que de chercher le trésor et d'ajouter une pierre au petit muret.



Après quatre jours de route, nous arrivons à Penong, le plus grand village depuis la traversée de la plaine de Nullarbor. Il y a quelques années encore, chaque maison ici avait son propre moulin à vent qui servait à pomper l'eau du sol. Il n'y avait aucune conduite d'eau dans ce village. C'est pourquoi Penong est également appelé "Village aux moulins à vent".



Nous passons notre dernier bivouac sur les terres de la communauté aborigène Yalata. Au début de la piste qui mène vers le village un grand panneau indique qu'il est strictement interdit d'entrer, sous peine d'amende. Nous nous arrêtons un peu plus loin. En début de soirée, une voiture conduite par un vieil aborigène sort des bois. Apparemment, des pistes "cachées" mènent également vers la communauté.



Jeudi 4 décembre, nous atteignons Ceduna. Celle-ci est la première ville d'Australie-Méridionale que nous croisons et elle donne accès à la Péninsule d'Eyre. Nous passons par le "Fruit Fly Checkpoint", où nous devons remettre nos fruits (du moins, ce qu'il en reste) à l'officier du contrôle sanitaire. Avant d'explorer la péninsule, il est temps de faire le plain d'eau fraîche, car nous sommes presque à sec. Suivant les conseils de Merryn et Mike, nous achetons une douzaine d'huitres à un marchand. C'est la spécialité de la péninsule. Accompagnées d'un bon petit vin blanc australien, elles font un apéro délicieux. Welcome to South Australia!