La péninsule d'Eyre, l'Outback et le monde mystérieux des Flinders(Australie) – 4/12/2008 au 16/12/2008
Jeudi 4 décembre 2008, a Ceduna, un petit centre culturel aborigène expose et vend des oeuvres authentiques. Les peintures sur toile, les boomerangs, les instruments de percussion et les sculptures en bois sont réalisés par des artistes vivant dans la communauté aborigène de Yalata. L'une des artistes, justement, nous guide dans le centre culturel. Elle nous explique qu'elle est particulièrement inspirée par l'image des "Seven Sisters". Il s'agit de sept étoiles qu'on peut observer dans le ciel et qui ont inspiré plusieurs histoires aborigènes dans la région. Il faut savoir que les légendes aborigènes ne sont pas les mêmes partout. Chaque groupe linguistique a ses propres mythes. Notre interlocutrice ne cesse de nous répéter que ses tableaux ont une grande force et qu'elle n'utilise que les couleurs jaune, bleu et blanc dans ses peintures. Jamais de rouge, c'est une couleur très forte. Dans sa communauté ce sont uniquement les hommes qui utilisent le rouge.
La visite de ce centre culturel et de ses artistes nous a beaucoup plu. Les oeuvres aussi nous ont plu. Il était, bien entendu, interdit de les photographier.
Nous prenons la Flinders Highway et longeons les premières côtes de la Péninsule d'Eyre. Les noms Flinders et Eyre ne cessent de revenir et pour cause. Flinders fut le premier navigateur à avoir fait le tour complet de l'Australie, en 1802. Edward Eyre, explorateur, partit en 1841 de Port Lincoln (au sud de la péninsule) vers Ceduna et traversa la plaine de Nullarbor à pied avec Willy, son compagnon aborigène.
Nous dormons ce soir à deux pas d'un puits d'eau près duquel l'explorateur Eyre aurait campé il y a plus de 160 ans.
Vendredi 5 décembre 2008, cap sur Baird Bay. Nous quittons la Flinders Highway et prenons une piste sur laquelle nous croisons quelques lézards "sans queue". Cette piste nous mène vers une petite baie. Peut-être aurons-nous la chance d'y apercevoir des lions de mer.
A peine arrivés, nous prenons le sac-à-dos et entamons une balade sur la plage. Nous observons quelques pélicans qui se prélassent sur le sable. Quelques kilomètres plus loin, il n'y a toujours pas de lions de mer en vue.
Les enfants commencent à se lasser mais nous voulons tout de même marcher encore un peu. "Là-bas, près de ces rochers, n'y aurait-il pas des lions de mer?" Nous tenons bon et marchons jusqu'aux rochers, jusqu'au bout de la plage. Mais aucune trace des animaux que nous cherchons. Finalement, nous rebroussons chemin. Peut-être aurons-nous plus de chance demain?
Samedi 6 décembre 2008, à défaut de ne pas avoir vu les frimousses des lions de mer hier, nous prenons une piste pour aller à Point Labatt. Selon les guides, à cet endroit se trouve la plus grande colonie des lions de mer australiens (c'est ainsi qu'ils les appellent). La piste contourne complètement la baie et offre de jolis paysages. Du haut de la falaise de Point Labatt, nous les apercevons! Malgré leur nombre restreint, nous sommes contents de les voir. Certains dorment sur les rochers rouges, d'autres semblent jouer dans l'eau cristalline de l'océan. Le lion de mer australien serait une espèce menacée. Dans les années 1970, les propriétaires de ces terres, écœurés de voir des hommes tuer ces animaux pour leur fourrure, offrirent ce bout de terrain au gouvernement dans le but d'en faire un Parc National. Ainsi, ces animaux marins furent sauvés et petit à petit leur nombre augmente à nouveau. La vue de ces mammifères nous rappelle notre voyage en Amérique Latine, où nous en avions vus des centaines sur les côtes argentines.
Ce soir, nous installons notre bivouac à Lake Newland Conservation Park. Les enfants s'amusent sur la plage et nous lisons et décortiquons les nombreuses brochures récoltées à l'office de tourisme de Ceduna. Près d'Idéfix, se trouve un camping car australien. Nous faisons la connaissance de Bernie et Ann. Ils passent le weekend ici avec les bénévoles d'un parc national.
Dimanche 7 décembre 2008, nos carnets de route sont plus ou moins à jour, mais nous avons du retard pour ceux des enfants. Nous imprimons, découpons et collons les photos choisies par les enfants. Ensuite, Yann et Pauline racontent leurs souvenirs et donnent les commentaires à noter. Au moment de quitter le campement, Bernie et Ann viennent nous saluer. Ils nous donnent leur carte de visite et insistent pour que nous nous arrêtons chez eux si nous passons par leur ville.
Au sud de la Péninsule d'Eyre, se trouvent deux parcs nationaux. La route nous mène d'abord vers le Coffin Bay National Park. C'est un endroit surprenant. La route sillonne entre d'énormes dunes. Celles-ci sont si anciennes que de nombreux végétaux les couvrent. Selon un mythe aborigène, les dunes se seraient formées il y a très longtemps, lorsque deux hommes durent jeter tellement de sable pour étouffer un grand feu de forêt, qu'ils en formèrent des dunes.
Du campement, nous suivons un petit sentier jusqu'au sommet d'une colline. Nous y prenons un petit apéritif (bière, jus de fruits et cacahouètes emportés dans le sac-à-dos) tout en contemplant le superbe panorama. L'eau de la mer s'est frayée un chemin dans les terres. Nous nous trouvons face à une baie, alors qu'on pourrait croire que c'est une belle et longue rivière d'eau douce.
Du lundi 8 au mercredi 10 décembre 2008, à 20 kilomètres de Port Lincoln se trouve le Lincoln National Park. Le parc est une petite péninsule. Seules quelques pistes sont accessibles pour les véhicules à deux roues motrices. Mais ces pistes ne sont pas du tout commodes! Elles nous rappellent les plus mauvaises pistes d'Amérique Latine. La tôle ondulée est d'une qualité supérieure, rarement égalée. Heureusement, arrivés au campement, nous sommes récompensés. Nous y trouvons un bel endroit où placer Idéfix, avec vue sur la baie. Nous décidons d'y rester deux jours et de ne pas bouger. Repos complet! Seul un kangourou très curieux est venu nous "déranger".
Vendredi 12 décembre 2008, Port Augusta est à la croisée des chemins. A l'ouest, on fait route vers Perth, à l'est, vers Adélaïde et Melbourne, au sud, on plonge dans la Péninsule d'Eyre et au nord, on passe par la chaîne Flinders avant de se retrouver dans l'Outback, le centre de l'Australie. Selon les locaux, la région n'a plus eu de pluie depuis plusieurs mois. Une petite famille belge arrive... il pleut. Nous avons vraiment l'impression de traîner la pluie avec nous depuis Perth.
Port Augusta est une base importante de l'organisation "Royal Flying Doctors Service" (R.F.D.S.). Nous nous rendons donc à l'aéroport où se situent leurs locaux. Une dame nous accueille gentiment. Elle porte un badge sur lequel nous lisons sa fonction: "Flying nurse". Tout en nous conduisant vers une salle de réunion, elle nous explique qu'elle est de garde, prête à s'envoler au moindre appel. En introduction, elle nous propose de regarder un documentaire. Malheureusement, le son est très mauvais. Nous regardons donc quelques images de différentes missions des Flying Doctors dans l'Outback. Une demi-heure plus tard, la même dame nous invite à jeter un coup d'oeil dans le hangar où se trouvent les avions prêts à décoller. Nous avons le grand privilège de pouvoir monter à bord. L'avion est vraiment petit. A voir Yann et Pauline y monter, on pourrait croire que l'avion fut construit pour des enfants.
Deux brancards, pour les blessés et 3 sièges, pour le pilote, le médecin et l'infirmière occupent quasiment tout l'espace de l'avion. Comme nos têtes touchent le plafond, nous nous asseyons sur les brancards pendant que notre "flying nurse" répond aux questions que nous lui posons. Elle nous explique que dans cet avion se trouve exactement le même matériel que dans les urgences d'un hôpital. Par contre, tout est attaché et placé de telle manière que rien ne puisse bouger ou tomber lors de turbulences ou autres. Nous apprenons également que le service est principalement financé par le gouvernement. Vu l'importance de ce service, heureusement! Le service est gratuit pour tous les citoyens australiens. Encore une chance, car ce sont souvent les plus démunis, ou ceux qui vivent le plus isolés, qui en ont le plus besoin.
Le R.F.D.S. a plusieurs fonctions. Premièrement, les urgences, par exemple, en cas d'accident domestique, d'accident de la route, de travail, en cas de dons d'organe et autres. Mais ce service assure également un service médical classique. C'est-a-dire que trois fois par semaine un avion emmène un médecin en consultation dans différentes partie de l'Australie-Méridionale. Et troisièmement, ce service de "médecins volants" assure un suivi paramédical. Pour ce dernier, un avion part 5 fois par semaine et emmène infirmière, kinésithérapeute, dentiste et autres. Quel travail et quelle organisation! Nous sommes impressionnés.
C'est en 1929, que le révérend Flynn prit l'initiative de voler d'une communauté aborigène à l'autre afin d'y apporter de l'aide médicale. Depuis, ce service n'a cessé de croître et de nombreuses personnes ont une dette envers ces médecins et infirmières courageux qui travaillent souvent dans des conditions très difficiles! Nous ne souhaitons donc pas abuser plus longtemps du temps de notre "flying guide" et nous prenons congé.
Samedi 13 décembre 2008, visite du Wadlata Outback Center. Ce centre présente des expositions sur l'histoire aborigène et européenne des Flinders Ranges (région située au nord d'Adélaïde) et de l'Outback (c'est-à-dire, l'intérieur du pays). Une reproduction d'une gueule de lézard fait office d'entrée de l'exposition. Dès les premiers pas, nous entrons dans un monde mystérieux. Nous nous promenons dans une forêt dense artificielle. Telle était la nature au centre de l'Australie il y a des millions d'années.
La deuxième partie de l'exposition nous entraîne dans le monde aborigène, dans ses légendes, ses coutumes et ses changements lors de l'arrivée des colons. Une des choses les plus importantes dans la culture aborigène, est le "Dreaming":
Plus loin, un film montre comment les Aborigènes fabriquent des lances, des bols, des boomerangs, des abris et comment ils cuisent un kangourou.
La troisième partie du musée raconte l'arrivée des colons, la construction d'une des premières voies ferrées d'Australie et le pourquoi et le comment des premiers grands explorateurs tels que Eyre, Sturt, Stuart et d'autres, mais également l'installation des lignes télégraphiques ainsi que l'importation des dromadaires pour faciliter la traversée des zones arides du pays.
La dernière partie est consacrée à la vie actuelle de l'Outback. Ils y expliquent "The school of the air", l'école à distance et en direct avec une institutrice grâce à une radio (aujourd'hui, les enfants trop éloignés d'une vraie école bénéficient d'une scolarité par internet). Une petite partie est consacrée au "Royal Flying Doctors Service", mais également aux mines de fer et aux grandes fermes de l'Outback. La superficie d'une de ces fermes, Anna Creek Station, serait plus grande que celle de la Belgique.
Après ce tour d'horizon fascinant, nous passons une partie de la soirée à étudier les cartes. Ne pourrions-nous pas rediriger notre itinéraire vers une partie carrossable de l'Outback? A suivre...
Dimanche 14 décembre 2008, la chaîne montagneuse des Flinders s'étend sur des centaines de kilomètres, depuis l'Outback jusqu'à hauteur d'Adélaïde. Nous empruntons une route dans un paysage vallonné en direction du Flinders Ranges National Park.
Les rails d'un ancien "railway" et une ligne télégraphique qui relient le centre du pays à Port Augusta, longent notre route. A kanyaka, petit village, nous passons par une ancienne ferme coloniale où jadis broutaient 50000 moutons. D'importantes sécheresses dans les années 1860 ont fait des ravages dans l'activité agricole de l'époque. De nombreuses fermes, dont celle-ci, ont été abandonnées par leurs propriétaires.
Les grottes de Yourambulla témoignent d'anciennes cultures aborigènes grâce aux quelques peintures rupestres présentes sur les parois rocheuses. Nous empruntons un sentier qui nous mène vers trois sites relativement bien conservés. A première vue les œuvres semblent plutôt simplistes. Mais nous prenons notre temps et nous nous amusons à essayer de les déchiffrer: un double cercle représente une cérémonie, une ligne verticale en travers du cercle représente l'initiation de jeunes aux cérémonies, des flèches représentent des traces de kangourous, etc. Les couleurs principales sont le blanc, l'ocre et le noir. Ces peintures seraient vieilles de plusieurs milliers d'années. Heureux d'avoir pu contempler de l'art aborigène d'époque, nous reprenons la route.
Nous passons la nuit à Wilpena, dans un campement situé aux abords de Wilpena Pound. Wilpena signifie "creux de la main" en langue aborigène. Wilpena Pound est en effet une sorte de cuvette ressemblant à un énorme cratère de météorite. Elle est entourée de montagnes composées d'une roche très dure. Cette roche, contrairement aux autres de la région, a moins subi les effets de l'érosion. Nous irons nous y promener demain. En attendant, nous observons les kangourous qui bondissent autour de notre campement, ainsi qu'une nuée de Corella (perroquet blanc) qui volent d'arbre en arbre au-dessus de nos têtes.
Lundi 15 décembre 2008, entourés de centaines de perroquets blancs, nous marchons sur le plateau encerclé de montagnes. Au fond de cette "cuvette" qu'est Wilpena Pound, nous découvrons une petite ferme jadis habitée par une famille anglaise. Suivant un petit sentier longeant le flanc d'une montagne, nous grimpons jusqu'au sommet afin de découvrir ce gigantesque enclos naturel depuis les hauteurs.
Un aigle entame son vol circulaire au-dessus de nos têtes. Sur le chemin de retour, Pauline se plaint d'avoir mal aux pieds. Il est vrai que ses bottines de marche sont probablement devenues trop petites. Yann, ne sent plus ses jambes. En fin d'après-midi et après 8 kilomètres de marche nous rejoignons, avouons le, exténués, le campement.
Mardi 16 décembre 2008, la plupart des pistes sillonnant le Parc National des Flinders sont réservées aux 4x4. Et les autres pistes sont en piètre état. Nous décidons de ne pas mettre Idéfix à lourde contribution et nous quittons le parc par la voie asphaltée. Mais avant de quitter les lieux définitivement, nous nous offrons une dernière petite randonnée près de "Arkaroo Rock". Ce site se trouve à l'extérieur de Wilpena Pound et offre une jolie vue sur les montagnes avoisinantes. Arkaroo Rock est un lieu de cérémonie aborigène. Sur une roche voûtée nous découvrons des peintures aborigènes. Nous croyons y déceler la forme de deux serpents, qui selon la légende aborigène, seraient à l'origine de la formation de Wilpena Pound.
La visite de ce centre culturel et de ses artistes nous a beaucoup plu. Les oeuvres aussi nous ont plu. Il était, bien entendu, interdit de les photographier.
Nous prenons la Flinders Highway et longeons les premières côtes de la Péninsule d'Eyre. Les noms Flinders et Eyre ne cessent de revenir et pour cause. Flinders fut le premier navigateur à avoir fait le tour complet de l'Australie, en 1802. Edward Eyre, explorateur, partit en 1841 de Port Lincoln (au sud de la péninsule) vers Ceduna et traversa la plaine de Nullarbor à pied avec Willy, son compagnon aborigène.
Nous dormons ce soir à deux pas d'un puits d'eau près duquel l'explorateur Eyre aurait campé il y a plus de 160 ans.
Vendredi 5 décembre 2008, cap sur Baird Bay. Nous quittons la Flinders Highway et prenons une piste sur laquelle nous croisons quelques lézards "sans queue". Cette piste nous mène vers une petite baie. Peut-être aurons-nous la chance d'y apercevoir des lions de mer.
A peine arrivés, nous prenons le sac-à-dos et entamons une balade sur la plage. Nous observons quelques pélicans qui se prélassent sur le sable. Quelques kilomètres plus loin, il n'y a toujours pas de lions de mer en vue.
Les enfants commencent à se lasser mais nous voulons tout de même marcher encore un peu. "Là-bas, près de ces rochers, n'y aurait-il pas des lions de mer?" Nous tenons bon et marchons jusqu'aux rochers, jusqu'au bout de la plage. Mais aucune trace des animaux que nous cherchons. Finalement, nous rebroussons chemin. Peut-être aurons-nous plus de chance demain?
Samedi 6 décembre 2008, à défaut de ne pas avoir vu les frimousses des lions de mer hier, nous prenons une piste pour aller à Point Labatt. Selon les guides, à cet endroit se trouve la plus grande colonie des lions de mer australiens (c'est ainsi qu'ils les appellent). La piste contourne complètement la baie et offre de jolis paysages. Du haut de la falaise de Point Labatt, nous les apercevons! Malgré leur nombre restreint, nous sommes contents de les voir. Certains dorment sur les rochers rouges, d'autres semblent jouer dans l'eau cristalline de l'océan. Le lion de mer australien serait une espèce menacée. Dans les années 1970, les propriétaires de ces terres, écœurés de voir des hommes tuer ces animaux pour leur fourrure, offrirent ce bout de terrain au gouvernement dans le but d'en faire un Parc National. Ainsi, ces animaux marins furent sauvés et petit à petit leur nombre augmente à nouveau. La vue de ces mammifères nous rappelle notre voyage en Amérique Latine, où nous en avions vus des centaines sur les côtes argentines.
Ce soir, nous installons notre bivouac à Lake Newland Conservation Park. Les enfants s'amusent sur la plage et nous lisons et décortiquons les nombreuses brochures récoltées à l'office de tourisme de Ceduna. Près d'Idéfix, se trouve un camping car australien. Nous faisons la connaissance de Bernie et Ann. Ils passent le weekend ici avec les bénévoles d'un parc national.
Dimanche 7 décembre 2008, nos carnets de route sont plus ou moins à jour, mais nous avons du retard pour ceux des enfants. Nous imprimons, découpons et collons les photos choisies par les enfants. Ensuite, Yann et Pauline racontent leurs souvenirs et donnent les commentaires à noter. Au moment de quitter le campement, Bernie et Ann viennent nous saluer. Ils nous donnent leur carte de visite et insistent pour que nous nous arrêtons chez eux si nous passons par leur ville.
Au sud de la Péninsule d'Eyre, se trouvent deux parcs nationaux. La route nous mène d'abord vers le Coffin Bay National Park. C'est un endroit surprenant. La route sillonne entre d'énormes dunes. Celles-ci sont si anciennes que de nombreux végétaux les couvrent. Selon un mythe aborigène, les dunes se seraient formées il y a très longtemps, lorsque deux hommes durent jeter tellement de sable pour étouffer un grand feu de forêt, qu'ils en formèrent des dunes.
Du campement, nous suivons un petit sentier jusqu'au sommet d'une colline. Nous y prenons un petit apéritif (bière, jus de fruits et cacahouètes emportés dans le sac-à-dos) tout en contemplant le superbe panorama. L'eau de la mer s'est frayée un chemin dans les terres. Nous nous trouvons face à une baie, alors qu'on pourrait croire que c'est une belle et longue rivière d'eau douce.
Du lundi 8 au mercredi 10 décembre 2008, à 20 kilomètres de Port Lincoln se trouve le Lincoln National Park. Le parc est une petite péninsule. Seules quelques pistes sont accessibles pour les véhicules à deux roues motrices. Mais ces pistes ne sont pas du tout commodes! Elles nous rappellent les plus mauvaises pistes d'Amérique Latine. La tôle ondulée est d'une qualité supérieure, rarement égalée. Heureusement, arrivés au campement, nous sommes récompensés. Nous y trouvons un bel endroit où placer Idéfix, avec vue sur la baie. Nous décidons d'y rester deux jours et de ne pas bouger. Repos complet! Seul un kangourou très curieux est venu nous "déranger".
Vendredi 12 décembre 2008, Port Augusta est à la croisée des chemins. A l'ouest, on fait route vers Perth, à l'est, vers Adélaïde et Melbourne, au sud, on plonge dans la Péninsule d'Eyre et au nord, on passe par la chaîne Flinders avant de se retrouver dans l'Outback, le centre de l'Australie. Selon les locaux, la région n'a plus eu de pluie depuis plusieurs mois. Une petite famille belge arrive... il pleut. Nous avons vraiment l'impression de traîner la pluie avec nous depuis Perth.
Port Augusta est une base importante de l'organisation "Royal Flying Doctors Service" (R.F.D.S.). Nous nous rendons donc à l'aéroport où se situent leurs locaux. Une dame nous accueille gentiment. Elle porte un badge sur lequel nous lisons sa fonction: "Flying nurse". Tout en nous conduisant vers une salle de réunion, elle nous explique qu'elle est de garde, prête à s'envoler au moindre appel. En introduction, elle nous propose de regarder un documentaire. Malheureusement, le son est très mauvais. Nous regardons donc quelques images de différentes missions des Flying Doctors dans l'Outback. Une demi-heure plus tard, la même dame nous invite à jeter un coup d'oeil dans le hangar où se trouvent les avions prêts à décoller. Nous avons le grand privilège de pouvoir monter à bord. L'avion est vraiment petit. A voir Yann et Pauline y monter, on pourrait croire que l'avion fut construit pour des enfants.
Deux brancards, pour les blessés et 3 sièges, pour le pilote, le médecin et l'infirmière occupent quasiment tout l'espace de l'avion. Comme nos têtes touchent le plafond, nous nous asseyons sur les brancards pendant que notre "flying nurse" répond aux questions que nous lui posons. Elle nous explique que dans cet avion se trouve exactement le même matériel que dans les urgences d'un hôpital. Par contre, tout est attaché et placé de telle manière que rien ne puisse bouger ou tomber lors de turbulences ou autres. Nous apprenons également que le service est principalement financé par le gouvernement. Vu l'importance de ce service, heureusement! Le service est gratuit pour tous les citoyens australiens. Encore une chance, car ce sont souvent les plus démunis, ou ceux qui vivent le plus isolés, qui en ont le plus besoin.
Le R.F.D.S. a plusieurs fonctions. Premièrement, les urgences, par exemple, en cas d'accident domestique, d'accident de la route, de travail, en cas de dons d'organe et autres. Mais ce service assure également un service médical classique. C'est-a-dire que trois fois par semaine un avion emmène un médecin en consultation dans différentes partie de l'Australie-Méridionale. Et troisièmement, ce service de "médecins volants" assure un suivi paramédical. Pour ce dernier, un avion part 5 fois par semaine et emmène infirmière, kinésithérapeute, dentiste et autres. Quel travail et quelle organisation! Nous sommes impressionnés.
C'est en 1929, que le révérend Flynn prit l'initiative de voler d'une communauté aborigène à l'autre afin d'y apporter de l'aide médicale. Depuis, ce service n'a cessé de croître et de nombreuses personnes ont une dette envers ces médecins et infirmières courageux qui travaillent souvent dans des conditions très difficiles! Nous ne souhaitons donc pas abuser plus longtemps du temps de notre "flying guide" et nous prenons congé.
Samedi 13 décembre 2008, visite du Wadlata Outback Center. Ce centre présente des expositions sur l'histoire aborigène et européenne des Flinders Ranges (région située au nord d'Adélaïde) et de l'Outback (c'est-à-dire, l'intérieur du pays). Une reproduction d'une gueule de lézard fait office d'entrée de l'exposition. Dès les premiers pas, nous entrons dans un monde mystérieux. Nous nous promenons dans une forêt dense artificielle. Telle était la nature au centre de l'Australie il y a des millions d'années.
La deuxième partie de l'exposition nous entraîne dans le monde aborigène, dans ses légendes, ses coutumes et ses changements lors de l'arrivée des colons. Une des choses les plus importantes dans la culture aborigène, est le "Dreaming":
Le "Dreaming" est la grande histoire de la Création, lorsque les terres prenaient leur forme, avec son peuple, ses animaux, ses plantes, l'eau, la mer et le ciel...
Tout un environnement, avec le Soleil, la Lune et les Etoiles.
Le Dreaming est continuel... et partout, le grand cycle de la vie, qui est la base de la culture aborigène et de ses croyances.
La famille de l'homme est l'Univers et à la tête se trouve le "Grand Esprit", le Créateur Suprême.
Dans le "Dreaming", des Ancêtres héroïques ont accompli des actes extraordinaires de création... et de changements...observés actuellement dans les animaux, les plantes, la forme des terres, les lieux et les hommes.
Les Aborigènes australiens font partie des terres et les terres font partie des Aborigènes...
La Terre et les Cieux... racontent les histoires du "Dreaming".
Plus loin, un film montre comment les Aborigènes fabriquent des lances, des bols, des boomerangs, des abris et comment ils cuisent un kangourou.
La troisième partie du musée raconte l'arrivée des colons, la construction d'une des premières voies ferrées d'Australie et le pourquoi et le comment des premiers grands explorateurs tels que Eyre, Sturt, Stuart et d'autres, mais également l'installation des lignes télégraphiques ainsi que l'importation des dromadaires pour faciliter la traversée des zones arides du pays.
La dernière partie est consacrée à la vie actuelle de l'Outback. Ils y expliquent "The school of the air", l'école à distance et en direct avec une institutrice grâce à une radio (aujourd'hui, les enfants trop éloignés d'une vraie école bénéficient d'une scolarité par internet). Une petite partie est consacrée au "Royal Flying Doctors Service", mais également aux mines de fer et aux grandes fermes de l'Outback. La superficie d'une de ces fermes, Anna Creek Station, serait plus grande que celle de la Belgique.
Après ce tour d'horizon fascinant, nous passons une partie de la soirée à étudier les cartes. Ne pourrions-nous pas rediriger notre itinéraire vers une partie carrossable de l'Outback? A suivre...
Dimanche 14 décembre 2008, la chaîne montagneuse des Flinders s'étend sur des centaines de kilomètres, depuis l'Outback jusqu'à hauteur d'Adélaïde. Nous empruntons une route dans un paysage vallonné en direction du Flinders Ranges National Park.
Les rails d'un ancien "railway" et une ligne télégraphique qui relient le centre du pays à Port Augusta, longent notre route. A kanyaka, petit village, nous passons par une ancienne ferme coloniale où jadis broutaient 50000 moutons. D'importantes sécheresses dans les années 1860 ont fait des ravages dans l'activité agricole de l'époque. De nombreuses fermes, dont celle-ci, ont été abandonnées par leurs propriétaires.
Les grottes de Yourambulla témoignent d'anciennes cultures aborigènes grâce aux quelques peintures rupestres présentes sur les parois rocheuses. Nous empruntons un sentier qui nous mène vers trois sites relativement bien conservés. A première vue les œuvres semblent plutôt simplistes. Mais nous prenons notre temps et nous nous amusons à essayer de les déchiffrer: un double cercle représente une cérémonie, une ligne verticale en travers du cercle représente l'initiation de jeunes aux cérémonies, des flèches représentent des traces de kangourous, etc. Les couleurs principales sont le blanc, l'ocre et le noir. Ces peintures seraient vieilles de plusieurs milliers d'années. Heureux d'avoir pu contempler de l'art aborigène d'époque, nous reprenons la route.
Nous passons la nuit à Wilpena, dans un campement situé aux abords de Wilpena Pound. Wilpena signifie "creux de la main" en langue aborigène. Wilpena Pound est en effet une sorte de cuvette ressemblant à un énorme cratère de météorite. Elle est entourée de montagnes composées d'une roche très dure. Cette roche, contrairement aux autres de la région, a moins subi les effets de l'érosion. Nous irons nous y promener demain. En attendant, nous observons les kangourous qui bondissent autour de notre campement, ainsi qu'une nuée de Corella (perroquet blanc) qui volent d'arbre en arbre au-dessus de nos têtes.
Lundi 15 décembre 2008, entourés de centaines de perroquets blancs, nous marchons sur le plateau encerclé de montagnes. Au fond de cette "cuvette" qu'est Wilpena Pound, nous découvrons une petite ferme jadis habitée par une famille anglaise. Suivant un petit sentier longeant le flanc d'une montagne, nous grimpons jusqu'au sommet afin de découvrir ce gigantesque enclos naturel depuis les hauteurs.
Un aigle entame son vol circulaire au-dessus de nos têtes. Sur le chemin de retour, Pauline se plaint d'avoir mal aux pieds. Il est vrai que ses bottines de marche sont probablement devenues trop petites. Yann, ne sent plus ses jambes. En fin d'après-midi et après 8 kilomètres de marche nous rejoignons, avouons le, exténués, le campement.
Mardi 16 décembre 2008, la plupart des pistes sillonnant le Parc National des Flinders sont réservées aux 4x4. Et les autres pistes sont en piètre état. Nous décidons de ne pas mettre Idéfix à lourde contribution et nous quittons le parc par la voie asphaltée. Mais avant de quitter les lieux définitivement, nous nous offrons une dernière petite randonnée près de "Arkaroo Rock". Ce site se trouve à l'extérieur de Wilpena Pound et offre une jolie vue sur les montagnes avoisinantes. Arkaroo Rock est un lieu de cérémonie aborigène. Sur une roche voûtée nous découvrons des peintures aborigènes. Nous croyons y déceler la forme de deux serpents, qui selon la légende aborigène, seraient à l'origine de la formation de Wilpena Pound.