A la découverte de la Tasmanie (Australie, Tasmanie) - 17/1/2009 au31/1/2009

Samedi 17 janvier 2009, depuis notre bivouac le long d'une plage de Melbourne, il nous faut cinq minutes pour rejoindre l'embarcadère du port de Melbourne. Nous montons à bord du "Spirit of Tasmania", le ferry qui nous emmènera en Tasmanie, le quatrième Etat australien de notre itinéraire. Idéfix est garé dans la soute du bateau gigantesque. Nous prenons place à l'étage supérieur en compagnie de Paul, notre ami hollandais. La traversée durera neuf heures. Pour passer le temps, les enfants profitent d'un dessin animé projeté dans la salle de cinéma. La traversée n'offre rien de bien palpitant si ce n'est une jolie vue d'ensemble sur la "skyline" de Melbourne.


Lorsque nous étions en pleine préparation du voyage, il y a trois ans, nous espérions pouvoir passer en Tasmanie, cette île australe aux forêts luxuriantes et aux côtes sauvages. Qu'allons-nous y découvrir? En quoi sera-t-elle différente du "mainland" australien? Y verrons-nous un diable de Tasmanie ou un ornithorynque?



Nous arrivons à bon port, c'est-à-dire à Devonport, vers 18h00. Le check-out prend plus de temps que le check-in de ce matin. Mais c'est surtout le contrôle sanitaire qui semble plus sévère, ou du moins, qui semble prendre plus de temps. Lorsque c'est à notre tour d'être contrôlés, il est déjà 19h00. Est-ce parce que les contrôleurs veulent rentrer chez eux, ou ont-ils un petit coup de pompe, nous ne le savons point, mais nous passons sans être contrôlés. Il est vrai que nous avons des visages d'ange et une tête qui inspire confiance, non?

Lundi 19 janvier 2009, nous avons rendez-vous chez un garagiste pour l'entretien d'Idéfix. Le garage ne paye pas de mine et nous fait penser aux "talleres" d'Argentine. Nous sommes un peu étonnés car nous nous attendions à autre chose en Australie. Cependant, l'accueil du patron, qui a les mains dans le cambouis, est chaleureux. Et le service est excellent. Trois quarts d'heure plus tard nous pouvons déjà replier notre table de camping installée devant l'atelier. Idéfix est paré pour reprendre la route.



Près de la ville de Latrobe nous nous rapprochons, en quelque sorte, de notre patrie. Nous ne pouvons passer devant "The Anvers House" sans nous y arrêter. Non seulement ce lieu porte le nom d'une grande ville belge, où vivent des membres de notre famille, mais en plus, on y produit du chocolat belge! Un arrêt est donc obligatoire! Mmmm, nous nous léchons les babines en regardant la production de chocolat. Nous profitons de l'exposition de boîtes en fer décorées de photos de la Famille Royale Belge pour faire un petit rappel aux enfants sur la dynastie de notre pays. Le clou de la visite est bien évidemment le moment de la dégustation. Le chocolat fond sur nos langues, nos papilles en perçoivent les moindre nuances, nous fermons les yeux et en profitons. L'odeur titille nos narines, la vue de toutes les variétés de chocolat nous fait saliver. "C'est trop bon, si on en goûtait un autre?" Evidemment, nous ramenons de ce bon chocolat dans Idéfix.

Peu avant la ville de Deloraine, nous faisons un saut au "Ashgrove Cheese Factory". Apparemment, en Tasmanie, de nombreuses attractions gastronomiques sont basées sur le même modèle: visite gratuite du petit musée et de la chaîne de production, dégustation et vente de produits locaux. Nous goûtons différentes variétés de Cheddar et expliquons aux enfants comment il est produit. C'est instructif et appétissant.

Mardi 20 janvier 2009, à deux pas de la ville de Launceston se trouvent les "Cataract Gorges". Une petite promenade nous emmène autour du lac, puis sur un pont de singe, avant de pénétrer dans la gorge. La seule chose étonnante est le fait que ces gorges se trouvent en pleine agglomération. Pour le reste, la piscine municipale bondée et le télésiège touristique ne nous intéressent guère.


Nous longeons à présent la Tamar River en direction du nord et traversons une région réputée pour ses vins.

Au bout de l'estuaire, à Beauty Point, un ancien entrepôt est transformé en parc animalier dédié aux ornithorynques. Nous pouvons ainsi apprendre à mieux connaître ces animaux étranges, si difficiles à observer dans leur milieu naturel. Les ornithorynques ne se trouvent qu'en Australie. Ce sont des mammifères qui pondent des oeufs, ils ont un bec semblable à un bec de canard, ils nagent dans l'eau comme des lions de mer, ne mesurent pas plus de 50 cm et les mâles peuvent injecter une toxine à partir d'une griffe pointue afin de se protéger d'éventuels prédateurs ou d'autres mâles intéressés par leur femelle. Drôle de mélange de caractéristiques animalières. Comme si le créateur s'était amusé à rassembler toutes les caractéristiques qu'il avait en trop après la création des animaux "normaux".



Dans une salle annexe se promènent quelques échidnés. Ce sont des hérissons au nez allongé et aux épines grosses comme des baguettes chinoises. Ils attrapent des fourmis avec leur longue langue effilée. Les échidnés et les ornithorynques sont les seuls représentants de la famille des monotrèmes. Voilà pour la leçon zoologique d'aujourd'hui. Il ne nous reste plus qu'à tenter d'en apercevoir en liberté.

Nous établissons notre campement au pied du Batman Bridge, pont réputé pour sa construction moderne. Un Australien vient à notre rencontre et nous offre une huître ramassée dans l'estuaire. L'huître a une couleur verdâtre, mais elle a très bon goût, aux dires de Sophie. Nous attendrons la marée basse pour en pêcher d'autres.

Mercredi 21 janvier 2009, le petit déjeuner à peine terminé, nous descendons à la rivière. Damien ramasse quelques huîtres, les enfants les comptent et les mettent dans un sachet. Ravis de notre "cueillette", nous reprenons la route.



Aujourd'hui, nous longeons l'autre rive de la Tamar River et rejoignons Georgetown. Là encore, nous constatons combien les villes de Tasmanie sont "RV Friendly", c'est-à-dire, accueillantes pour les voyageurs en camping-car. On peut gratuitement y faire le plein d'eau, vider les cassettes de toilette ou même passer la nuit sur un parking spécialement aménagé derrière l'office de tourisme. Dans un magasin, Sophie tombe sur un rasoir électrique à 18 $AU (9 euro). Elle n'hésite pas car, enfin, elle pourra couper, ou plutôt raser les cheveux de Yann elle-même. Ce qu'elle fait d'emblée cette après-midi. Pourvu que ce rasoir bon marché fonctionne jusqu'au bout. Finalement, le résultat n'est pas si mal...



Jeudi 22 janvier 2009, la route B82 débute à Georgetown, longe la côte du nord, s'étend quasi jusqu'à l'est et rejoint ensuite la Tasman Highway qui plonge vers le sud. Nous quittons la B82 à Gladstone (au nord-est de la Tasmanie) et suivons une piste jusqu'au Mount William National Park. La piste consolidée passe au milieu d'une plaine de sable, colorée par de jolies touffes d'herbes vertes et mauves. La nuit commence à tomber, nous sentons quelques gouttes de pluie. Le vent fort chassera peut-être les gros nuages gris.



Vendredi 23 janvier 2009, à deux pas du campement se trouve un plan d'eau séparé de la mer par une petite dune. L'endroit est magnifique, tout est vert autour du plan d'eau dans lequel un cormoran pêche sans relâche. A quelques mètres de là, un pademelon (petit kangourou d'un brun très foncé) mange des brindilles d'herbe. Nous longeons cette mare pour atteindre la plage. Une bonne balade au bord de l'eau nous offre le plaisir de découvrir les roches de couleur orangée (due au lichen) sur lesquelles s'abattent les vagues de l'océan. Yann et Pauline s'amusent en sautant d'un rocher à l'autre.



A la tombée du jour, une famille française avec deux petites filles arrive au campement. Ils font un tour du monde en 10 mois en sac-à-dos. Pendant la conversation nous nous rendons compte que nous connaissons nos sites web respectifs. Quelle coïncidence! Les enfants s'observent pendant quelques minutes. Mais si contents de rencontrer des compagnons de jeu parlant la même langue, ils échangent rapidement leurs expériences et surtout leurs rencontres avec les animaux. Il est plus de 21h00 lorsque nous arrivons à les convaincre de rejoindre les bras de Morphée. Yann et Pauline s'endorment rapidement dans l'espoir de pouvoir jouer encore demain avec Amélie (5 ans) et Alix (3 ans).

Samedi 24 janvier 2009, joyeux anniversaire (grand)bon-papy!
Inutile de dire que nous n'entendons pas les enfants de toute la matinée. En début d'après-midi les français lèvent le camp. Nous partons en randonnée dans l'intérieur du parc et rejoignons la plage à hauteur des "Cobler Rocks". Ces derniers sont un amas de rochers arrondis émergeant de l'eau de l'océan. Comme d'habitude, il ne faut pas longtemps pour que Yann et Pauline aient leur vêtements trempés par les éclaboussures des vagues. Pour retourner au campement, nous devons marcher contre un vent du nord déchirant. La promenade est belle et courte, mais dure-dure pour les jambes.



Dimanche 25 janvier 2009, un dernier regard vers un petit pademelon et nous nous dirigeons vers le Mount William, montagne dont le parc national où nous sommes porte le nom. L'objectif de cette randonnée est d'atteindre le sommet du mont, mais surtout de trouver un nouveau trésor du geocaching. Le sommet est rapidement atteint et le trésor trouvé!


En début d'après-midi, nous quittons le Mount William National Park et nous roulons vers St. Helens, à quelques kilomètres plus au sud. Nous ne pensions pas que la Tasman Highway serait une véritable route de montagne. Elle serpente de col en col, entre les forêts touffues, bordées de fougères. Damien aborde les virages avec un peu trop de précipitation, probablement dans un soucis de préserver les freins. Yann se sent mal, se rend aux toilettes du camping-car et vomit, mais au mauvais endroit... Toute la salle de bain est baptisée, les sacs de provisions, les provisions, le sac-à-dos et toutes les parois! Arrivés dans un camping, le nettoyage de la salle-de-bain s'impose, une machine à lessiver est remplie, les enfants sont prêts à prendre une douche, puis ... plus d'eau dans le camping. Fort heureusement, trente minutes plus tard, le souci d'eau est rétabli et nous pouvons reprendre nos tâches de nettoyage là où nous les avions laissées, sans oublier que le pain cuit au four et qu'il faut encore préparer le souper. Eh, non, nos journées ne sont pas toujours de tout repos!

Lundi 26 janvier 2009, au nord de Freycinet s'étend la "Bay of Fires", superbe baie située sur une côte sauvage, parsemée de rochers rouges photogéniques. Nous nous trouvons un endroit de rêve en face d'une petite crique où les enfants partent faire des châteaux de sable.


Le soir, nous étudions notre itinéraire pour les jours à venir. Quels autres lieux allons-nous découvrir sur la Terre de Van Diemen, appelée ainsi lors de la découverte de cette île par le navigateur Abel Tasman avant qu'elle ne prenne le nom de ce dernier pour devenir la Tasmanie? Il y a encore tant de choses à voir: Cradle Mountain, Lake St. Clair, Hobart et son festival de bateaux en bois, Mount Field, Tasman Peninsula, ... Et dire que notre ferry pour le retour au continent australien est réservé pour le 14 février! Aïe, il va falloir jouer serré. Nous refaisons nos calculs et changeons notre itinéraire. Pour la première fois, nous sommes face à un planning strict. Ca nous dérange un peu mais la Tasmanie nous plaît tant que nous ne voulons rien manquer.



Mardi 27 janvier 2009, il fait gris au lever du jour et le soleil n'est toujours pas apparu après l'école. Cap donc sur le Parc National de Freycinet. Malgré que le ciel soit couvert, la route est belle. Pendant un long moment nous longeons la mer. Pour rejoindre le parc national, la route bifurque vers l'intérieur du pays. Nous sommes entourés de champs de blés et les habitations, souvent délabrées, se font rares. Au campement, appelé "Friendly Beaches", nous trouvons une fois de plus un bel emplacement. Au pied d'Idéfix nous avons du gravier, chouette! Nous adorons la Tasmanie, mais le sol dans les campements est souvent recouvert d'un sable gris. Ceci est dû au dépôt des cendres des feux provoqués intentionnellement pour la fertilisation des terres. Du coup, nous avons souvent les pieds noirs comme du charbon. Aujourd'hui, ce n'est donc pas le cas. Le vent est trop fort et trop frais pour que nous puissions nous baigner dans la mer. Nous avons trouvé un nouveau jeu: le bonhomme pendu dans le sable dur.


Mercredi 28 janvier 2009, "Wineglass Bay" est un des "must" du Parc National Freycinet. Un sentier nous mène en haut d'une montagne. C'est un endroit très visité, il y a donc beaucoup de monde. Le sentier monte sans arrêt. Apparemment, Yann s'est lancé un défi et il a décidé de dépasser tout le monde. Du coup, cette fois, c'est nous qui trottinons derrière lui. Des personnes nous lancent:"Ah, si nous pouvions avoir autant d'énergie que vos enfants!"
Au bout d'une heure, nous gagnons une plateforme d'où nous avons une vue panoramique sur la baie et les montagnes qui l'entourent. La forme de ballon qu'a la baie lui a conféré le nom de "baie en verre à vin". La vue est absolument magnifique et pas une maison, pas un immeuble, pas un poteau électrique ne gâche ce panorama.



Vendredi 30 janvier 2009, suite à notre changement d'itinéraire, nous nous trouvons à l'intérieur des terres, dans les "Midlands" tasmaniens. Nous approchons de Mole Creek, petit village situé dans les collines verdoyantes et les champs de blé. Tout au long des vingt kilomètres de route nous sommes charmés par le paysage tranquille entouré de montagnes, parsemé de petits points d'eau, de maisonnettes dont la simplicité n'enlève rien au charme et des granges dont les planches patinées par le temps et les intempéries tiennent à peine ensemble.


Nous rendons une petite visite à un fabriquant de miel. Un petit musée bien conçu est emménagé dans le magasin. Nous apprenons des tas de choses sur le miel et les abeilles, sur leurs reines, sur les fleurs que les abeilles butinent et sur le fonctionnement d'une ruche d'apiculture. Nous dégustons du miel d'eucalyptus, à la pomme, à la fraise, au gingembre, à la cannelle et bien d'autres. Les enfants lèchent une glace au miel.

Le diable de Tasmanie, petite créature noire aux dents acérées, continue de nous intriguer. Réussirons-nous à apercevoir cet animal, discret et farouche, dans son milieu naturel? Nous y croyons de moins en moins. C'est pourquoi nous profitons de notre passage à Mole Creek pour visiter un "Wildlife Park" qui héberge des diables récupérés afin de les soigner et de les étudier. Le nombre de diables a fort diminué ces dernières années. La cause serait un cancer foudroyant pour lequel les scientifiques n'ont pas encore trouvé de remède. Un guide nous emmène aux endroits les plus intéressants. Damien peut prendre un wombat dans ses bras (bof!), les enfants peuvent nourrir des kangourous (nous ne sommes pas pour, mais Yann et Pauline sont ravis).
Ensuite, c'est l'heure du casse-croûte des diables. Un soigneur leur tend un morceau de kangourou sur lequel trois diables se jettent avec férocité. Le diable de Tasmanie n'est pas un chasseur. Il se nourrit d'animaux morts ou affaiblis. Pourtant, ils se jettent sur la patte de kangourou tels des fauves. Le soigneur se cramponne à l'extrémité de la patte afin qu'il n'y en n'ait pas un qui parte avec le butin. Spectacle impressionnant.



Samedi 31 janvier 2009, le Parc National de Cradle Mountain est l'un des parcs les plus connus de Tasmanie. Situé entre les montagnes et parsemé de lacs, c'est un endroit de prédilection pour les randonneurs chevronnés. Nous empruntons une petite navette afin d'arriver au rivage du Dove Lake derrière lequel apparaît la crête dentelée de Cradle Mountain. Nous entreprenons de faire le tour du lac. Une marche de six kilomètres nous porte dans une nature qui change derrière chaque courbe. Nous sommes entourés tantôt de pins, de "myrtle", d'arbres tropicaux, tantôt de fougères arborescentes ou de touffes vertes appelées "button grass". Les enfants se soucient peu de la nature mais se motivent à dévaler le sentier en courant. Ils auront pratiquement fait les six kilomètres au pas de course. Heureusement pour eux, il ne fait pas trop chaud aujourd'hui. Dommage, pour nous, les parents, qu'il n'y ait pas un petit bout de ciel bleu pour embellir la scène.


Au moment où le tour du lac est accompli, le soleil semble vouloir percer. Comme nous aimons l'endroit, nous convainquons Yann et Pauline de rejoindre la navette en faisant un petit détour... de deux kilomètres. Les passerelles en bois slaloment entre les herbes. Les rayons du soleil éclairent ce joli paysage et donnent encore plus d'intensité et de douceur aux couleurs.


Nous rentrons chez Idéfix avec les jambes meurtries mais ravis de cette journée au pied du Cradle Mountain.