Autres trésors de la Tasmanie (Australie, Tasmanie) - 01/02/2009 au14/02/2009

Dimanche 1 février 2009, la route serpente d'un flanc de montagne à l'autre. Nous traversons rapidement Queenstown, ville minière importante. Le bâtiment de la gare et quelques maisons datant de l'époque de la découverte des richesses des terres attirent notre regard. Pour le reste, c'est juste une ville minière qui ne dégage rien d'attrayant.


Par contre, une fois sortis de la ville, la route monte et longe des falaises très raides.



Passés le pic, nous atteignons rapidement Burbury Lake, où nous passons la nuit.



Mardi 3 février 2009, La Lyell Highway traverse le Franklin Gordon Wild Rivers National Park. Ce parc est inscrit au Patrimoine mondial. Comme son nom l'indique, de nombreuses rivières ont creusé leur lit dans cette vaste forêt dont seule une toute petite partie est accessible. Nous effectuons un arrêt aux Nelson Falls. Comme d'habitude, nous promener dans une forêt arborant des plantes méconnues chez nous et admirer le jeu des eaux formant une cascade, nous enchante.



En milieu d'après-midi, le Lake Saint Clair National Park nous accueille. Installés devant le lac, nous contemplons le pic de granite des Walls of Jerusalem, chaîne montagneuse malheureusement inaccessible pour nous. Par contre, apercevoir un ornithorynque en liberté deviendra peut-être réalité ce soir... Un ranger du parc nous emmène peu avant la tombée de la nuit vers un endroit où il serait possible d'en voir... si nous avons de la chance. Heureusement, le ranger a beaucoup de choses intéressantes à raconter et pas mal d'humour. Nous ne rentrons donc pas trop bredouilles de cette randonnée... car aucun ornithorynque, mis à part la peluche du ranger, n'a voulu nous montrer le bout de son nez!




Jeudi 5 février 2009, marchant entre les "fern trees", fougères arborescentes, nous entendons le murmure des Russell Falls.


Devant ces chutes d'eau, composées de deux étages, nous sommes émerveillés par la nature tropicale qui nous entoure.



Plus loin dans le Mount Field National Park, la route monte jusqu'à 1000 mètres d'altitude, rejoignant un plateau où gisent des lacs et un autre type de végétation. A notre grande déception, un ranger du parc nous déconseille fortement d'y monter avec notre véhicule. La route est trop étroite et borde des précipices. Il nous serait impossible de croiser un véhicule venant de l'autre sens. Dommage.



Par contre, le parc propose ce soir une promenade guidée par un ranger. Nous y adhérons sans hésiter. Ce sera notre quatrième tentative d'observer des ornithorynques en sauvage. Entretemps, nous en connaissons un rayon sur ces mammifères ovipares, qui nagent les yeux fermés, pondent des œufs plus petits qu'une pièce d'un euro, captent les mouvements de leurs proies par des senseurs logés dans leur bec qui contrairement aux apparences est aussi mou qu'un lobe d'oreille.

Lors de son introduction, le ranger demande si quelqu'un a une idée de la longueur du tunnel qui mène au nid du platypus. "Vingt mètres!" Sophie donne la réponse instantanément. Le ranger ne s'attendait pas à une réponse qui serait exacte du premier coup. Après son exposé, nous lui expliquons nos diverses tentatives pour trouver des ornithorynques. Elle nous indique un endroit précis, là où un ruisseau débouche dans une rivière. Elle ajoute: "Si vous vous asseyez là-bas pendant au moins une demi-heure, vous pourriez avoir la chance d'en apercevoir!" Nous suivons son conseil. Assis sur la berge, chassant les moustiques, n'osant plus dire un mot, scrutant la surface de l'eau, nous attendons que notre patience soit récompensée. Puis, soudain, au loin, un sillage long et fin se dirige droit vers nous! Ca y est, en voilà un! Il s'approche encore et encore. Nous apercevons clairement le haut de la tête et le bec de l'ornithorynque. Juste devant nous, il s'arrête et lève la tête. Il nous regarde de ses petits yeux, puis plonge dans l'eau, nous présente ses pattes arrières palmées et sa queue. Ensuite, il remonte la rivière, contre le courant et entre les rochers. Ce passage n'aura duré que trente secondes, mais restera pour nous quatre une rencontre inoubliable!

Vendredi 6 février 2009, Hobart, capitale d'Etat la plus méridionale et la deuxième ville la plus ancienne d'Australie. En y arrivant par le nord, nous apercevons cette ville du haut de la "highway". Hobart semble nichée entre l'océan et le Mont William. Telle une araignée tisse sa toile de plus en plus grande, Hobart s'étend dans tous les sens jusqu'à construire des quartiers sur le flanc de la montagne. Néanmoins, en la traversant quelques instants plus tard, nous nous rendons compte qu'elle est loin d'être une mégapole mais plutôt agréable et dynamique.



Nous avons rendez-vous chez Barbara et Rex, deux "Tassies" (Tasmaniens), rencontrés il y a quelques mois en Australie-Occidentale. Un jardin fleuri et bien soigné donne sur une belle façade d'une maison ancienne. Nous sommes accueillis les bras ouverts. Idéfix trouve une place sur l'allée un peu pentue et nous rejoignons nos amis pour un petit souper improvisé et très sympa. Les enfants n'en reviennent pas de se retrouver dans un grand salon où ils peuvent jouer sur le tapis épais. Barbara, voyant les enfants s'amuser, n'hésite pas à pousser tous les fauteuils sur le côté et à sortir un vieux jeu de boules anglais (bowling). Barbara et Sophie rejoignent les enfants pour une partie de "bowling" au milieu du salon. Au moment de les quitter, Rex, qui n'a pas joué au jeu de boules, se met à faire le pitre. Les enfants grimpent sur son dos, le chatouillent et éclatent de rire.

Samedi 7 février 2009, tous les samedi matin a lieu le marché sur la place Salamanca, un ancien quai entouré d'anciens entrepôts. Nous flânons entre les échoppes de souvenirs, d'objets en bois, de bijoux, de vêtements, de miel, etc. Petit à petit nous nous dirigeons vers le port de pêche et de plaisance. Des dizaines de jolis bateaux en bois y sont amarrés à l'occasion du "wooden boat festival". La magie du festival et des bateaux vernis aux pavillons colorés est quelque peu ternie par la pluie qui vient de faire son apparition. Nous nous réfugions sous l'abri d'une terrasse où nous nous régalons d'un "fish'n chips" typiquement australien.



Ce matin, une dame au marché, Rex hier soir, d'autres voyageurs il y a quelques jours, nous ont tous parlé d'un autre bel endroit à visiter au sud de Hobart. Piqués dans notre curiosité, nous nous rendons à l'office de tourisme pour y obtenir quelques informations concernant cette destination. Quelques minutes plus tard, la décision est prise, nous changeons nos "plans". Demain, nous irons à Bruny Island.



Barbara, double championne d'Australie d'escalade et fan de randonnée, tient un magasin de seconde main de matériel de randonnée. Nous y faisons un petit saut avant de la retrouver, elle et son mari, une heure plus tard devant un excellent vin blanc.
Cher Barbara et Rex, nous vous remercions de tout cœur pour votre accueil chaleureux, votre gentillesse et votre grande simplicité.



Dimanche 8 février 2009, peu avant notre départ, Rex et Barbara nous informent des énormes incendies qui sévissent depuis hier dans la région de Melbourne. Le manque de pluie, les fortes températures (hier 47°C) et un vent fort dans cette région du Victoria seraient partiellement la cause de ce désastre. Un geste criminel ne serait pas à exclure.

A moins de 40 kilomètres au sud de Hobart, se trouve Kettering, ville d'où nous prenons un petit ferry vers Bruny Island. Le nord de l'île est drapé de champs de blé et de prairies. La route passe ensuite sur une fine bande de terre, entourée d'eau des deux côtés, avant de déboucher sur la partie sud de l'île, où se situe le South Bruny National Park. De tout notre voyage en Australie, nous n'irons pas plus au sud qu'ici. Nous sommes sous le 43ième parallèle.



Lundi 9 février 2009, le "Bruny Island Charters" est une société familiale qui organise des excursions en mer. Généralement, nous admirons les superbes vues de la terre, aujourd'hui, nous souhaitons faire l'inverse, admirer les superbes vues à partir de la mer. Nous sommes environs trente personnes installées confortablement dans un bateau à grande vitesse. Après la distribution de cirés rouges et de pastilles au gingembre aux personnes sensibles au mal de mer, nous filons sur les vagues vers la pointe sud de l'île.



Le capitaine change rapidement de cap. Il s'est rendu compte que nous pointons notre doigt vers une colonie de dauphins surgissant à bâbord. Les dauphins viennent vers nous à toute allure et font des bonds énormes. Rarement, nous avons vu des dauphins sauter si haut en mer.


Le capitaine remet les gaz, nous nous croyons sur un moulin de foire lorsque le bateau prend de la vitesse, saute au-dessus des vagues, file entre deux colonnes de roches et termine son envolée par un virage serré. Yann et Pauline adorent! Nous nous approchons d'une grotte creusée dans la falaise de l'île. Au pied de la falaise sont accrochées d'énormes algues laminaires sur lesquelles le reflet du soleil donne un joli jeu de lumière.



Une autre grotte rejette au passage de chaque vague qui s'engouffre, un gigantesque jet de vapeur et d'écume. Ce phénomène, causé par la compression de l'air dans la cavité, est appelé "blowhole".



Nous admirons les contours, les crevasses et les couches colorées des falaises et naviguons à présent
entre deux îlots sur lesquels se dorent une centaine de lions de mer.



Sans les voir nous aurions pu les reconnaître rien qu'à l'odeur caractéristique de ces animaux. En tout cas, ils ont basé leur colonie dans un endroit époustouflant de beauté.



Au moment où le bateau fait demi-tour pour rentrer à l'embarcadère, de gros nuages gris apparaissent au-dessus des falaises. Il est temps de rentrer. Le vent froid, l'allure du bateau, les éclaboussures des vagues et la pluie nous harcèlent. Le froid est mordant. Au travers de nos lunettes solaires embuées, nous parvenons à apercevoir le vol majestueux d'un albatros juste au-dessus des vagues.

Nous arrivons au port complètement engourdis par le froid. Mais la pluie a cessé et le soleil qui a réapparu nous réchauffe bien vite. Tous les quatre, nous rejoignons Idéfix en commentant avec enthousiasme ce que nous avons vu et ressenti pendant cette excursion magnifique.


En fin d'après-midi, nous longeons encore les rives du South Bruny National Park, mais à pied cette fois. Nous traversons une plaine recouverte de "button-grass".


Un sentier mène à un petit promontoire sur la plage où James Cook aurait jadis accosté. Sur la plage, les randonneurs se sont amusés à construire des petites colonnes en superposant des galets. La vue de ces centaines de petites tours de galets est surprenante.


Bien-sûr, Yann et Pauline veulent également édifier leur propre tour. Et encore, si une seule suffisait...



Pendant qu'ils sont à l'œuvre, nous avons droit à une nouvelle séance de spectacle au delphinarium. Six dauphins font de la nage synchronisée juste sous nos yeux et sautent si haut que nous pouvons voir leur corps entier au-dessus de l'eau. Pourtant, personne n'est là pour leur lancer la balle ou pour leur présenter le seau de sardines.



Sur le chemin du retour, nous rencontrons un wallaby blanc entre les buissons. Cette espèce de wallaby ne se trouve qu'ici. Ce sont les descendants de deux wallabies albinos. Leur croisement a donné lieu à toute une lignée de wallabies blancs qui ont aujourd'hui les yeux bruns et non plus rouges comme leur aïeuls.



Mardi 10 février 2009, nous quittons Bruny Island et entamons la route vers le nord. Nous apprécions beaucoup la Tasmanie car elle est tellement différente d'un endroit à l'autre. Non seulement les paysages (plages, montagnes, rochers, lacs, etc.) sont très variés et séparés de seulement quelques dizaines ou une centaine de kilomètres, mais également les villes et les villages. Au nord, les villes que nous avons vues sont plutôt simples, sans style, à l'ouest, il y a Queenstown, une ville minière, au sud, Hobart, la capitale avec son port, ses vieilles bâtisses et ses quartiers résidentiels et plus au centre, nous croisons une ville encore totalement différente: Richmond. Celle-ci semble être la copie conforme d'un village anglais.


De vieilles petites maisons construites de grandes briques beiges, un vieux pont avec à l'arrière le clocher d'une église, les magasins avec leur nom et leur spécialité peints sur une plaque en fer forgé, de la dentelle aux fenêtres et des petites statuettes et pots de fleurs sur les balcons, attirent de nombreux touristes. Les jardinets regorgent de rosiers de toutes les couleurs. C'est marrant, nous nous sentons soudainement dans un tout autre monde.



Nous dormons ce soir dans un petit village, Kempton, tout aussi étrange. Un Big Ben miniature trône devant la salle communale du village, la chapelle est peinte en bleu. Nous dormons gratuitement sur une belle pelouse et le barbecue au gaz et l'électricité sont gratuits.



Mercredi 11 février 2009, la Lake Highway traverse toute l'île du sud au nord. En l'empruntant, nous traversons les "Highlands", plus précisément la chaîne montagneuse des "Great Western Tiers". Cette route nous emmène à plus de 1000 mètres d'altitude et vers des paysages étranges. A midi, nous nous arrêtons au milieu d'une plaine de petits arbustes. Nous venons d'effectuer plusieurs kilomètres de pistes sans croiser personne, nous regardons ce lac situé à 1000 et quelques mètres d'altitude, il fait très calme, ma foi, nous sommes en Patagonie!



Plus loin, sur la piste, nous croisons quelques villages dont les maisons sont construites de bois et de tôle ondulée, c'est toujours pareil qu'en Patagonie. Finalement, la piste redevient de l'asphalte, nous descendons en altitude, les villages sont plus grands, les maisons construites en briques, nous croisons d'autres véhicules, nous sortons de notre rêve et revenons en Tasmanie.

Le ciel devient menaçant, un halo de lumière se bat contre les gros nuages gris et lourds, quelques rayons de soleil éclairent encore les champs de blé. Ce soir, nous nous réfugions à Devonport.



Jeudi 12 février 2009, depuis notre arrivée en Tasmanie, nous avons eu l'occasion de voir de nombreux animaux. Mais parmi ceux qui manquent à notre liste, il y en a un que nous aimerions y ajouter. Il s'agit du wombat, un petit animal robuste, gros, brun-gris, court sur pattes et avec une tête toute ronde. Le ranger du Narrawntapu National Park nous garantit que nous pourrons en apercevoir ce soir, avant le coucher du soleil. En attendant, nous chaussons nos chaussures de marche et partons à la découverte du parc. Nous traversons une zone de marais où poussent des arbres dont l'écorce se détache en lambeaux ressemblant à du papier journal. D'ailleurs, cet arbre est nommé "Paperbark Tree".



Nous quittons les bois et les marais et surmontons une dune. Pendant que nous prenons des photos et filmons la nature qui nous entoure, Yann et Pauline s'amusent à sauter du haut de la dune. Nous rebroussons chemin par la plage, qui une fois de plus est superbe.




A la tombée du jour, nous partons à la "chasse" aux wombats. Nous mettons doucement un pied devant l'autre et osons à peine parler. Puis tout à coup, Damien nous fait signe:"Là, il y en a un." Derrière un buisson, un wombat creuse la terre autour d'une racine juteuse. Il semble ne pas nous voir. "Tiens, en voilà un autre!" Yann et Pauline sont sur le qui-vive mais font peut-être un peu trop de bruit. Subitement, nos deux exemplaires de wombats s'enfoncent dans la broussaille et disparaissent. S'en suit alors une véritable traque au wombat. Nous en apercevons un autre dans la plaine.



Nous nous en approchons à pas feutrés. Organisés en rang d'oignons, nous parvenons à le suivre pendant un long moment. Dès que le wombat s'arrête, nous nous arrêtons. Lorsqu'il reprend sa route, nous faisons de même. Yann et Pauline apprennent ainsi à traquer les animaux, à observer leurs crottes et la fraîcheur de celles-ci, à avancer doucement tout en évitant de faire craquer des branches.



Quel animal intrigant, c'est une grosse boule de poils à quatre pattes, un marsupial avec une tête de nounours et des oreilles de chat. C'est sans doute aussi sa démarche maladroite qui le rend craquant.

Vendredi 13 février 2009, demain, nous quittons la Tasmanie. En y arrivant, le contrôle sanitaire était stricte et certains conducteurs devaient nettoyer leur véhicule avant de pouvoir monter sur le bateau. Idéfix est jaune de poussière. Un petit nettoyage rapide mais efficace s'impose donc. Dans ce pays de "caravaning" et de pêche, nous trouvons sans problème un carwash à la taille d'Idéfix.



Samedi 14 février 2009, neuf heures du matin, le Spirit of Tasmania largue les amarres et quitte la Tasmanie. C'est avec regret, mais néanmoins avec la grande satisfaction de l'avoir découverte, que nous quittons cette île. Désormais, il nous paraît impensable de parler de l'Australie sans prendre en compte la terre de Van Diemen.