Le Top End (Australie) - 22/04/2009 au 05/05/2009

Mercredi 22 avril 2009, nous voilà depuis quelques jours dans le Top End, région située dans le nord du Territoire du Nord. Aujourd'hui, nous visitons les chutes d'eau du Litchfield National Park. D'abord les Florence Falls et ensuite les Wangi Falls. Au dernier lieu, deux belles chutes d'eau tombent dans le même bassin entouré de plantations.




A ce moment de l'année il est interdit de s'y baigner... Même l'accès au bassin est limité à un ponton entouré de barrières. Et pour cause, l'eau est infestée de crocodiles d'eau douce et d'eau salée. Des panneaux expliquent que ces derniers sont extrêmement dangereux. Le crocodile d'eau salée vit en principe dans les estuaires. Mais nous sommes à la fin de la saison des pluies, toutes les rivières regorgent d'eau et ces animaux féroces remontent tous les cours d'eau. A cette période de l'année, il est possible d'en croiser à plusieurs centaines de kilomètres de la mer. Nous nous contentons donc d'admirer les chutes du ponton. Et, pas le moindre croco en vue... se cacheraient-ils sous l'eau?



De chaque côté de la route se trouvent de nombreuses termitières. Nous y observons essentiellement deux sortes de termitières: les unes sont appelées "cathédrales" et les autres "magnétiques". Ces dernières, de forme plate, sont dirigées selon un axe nord-sud afin d'optimaliser la régularisation de la température de cet habitat étrange. Ces monts sont non seulement imperméables mais ils servent également de refuge aux serpents et aux lézards lors des incendies. Ce soir nous rejoignons Darwin.



Jeudi 23 avril 2009, Darwin, capitale du Territoire du Nord. Le seul lien que nous ayons trouvé entre la ville et Mr Darwin, est qu'en 1839, le capitaine du bateau "Beagle" donna à ce lieu le nom de Port Darwin en hommage à un ancien passager, Charles Darwin, fondateur de la Théorie de l'Evolution des Espèces.

La ville de Darwin est connue pour avoir subi des désastres, non seulement elle fut la seule ville australienne a être bombardée pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais elle a surtout subi un désastre en 1974. Le soir de Noël de cette année-là, le cyclone "Tracy" détruisit quasi toute la ville.

Nous y passons une journée d'écriture, de piscine, d'Internet et de farniente.

Du vendredi 24 au dimanche 26 avril 2009, le Parc National Kakadu est considéré comme l'un des joyaux de l'Australie. Le parc est classé au Patrimoine Mondiale tant pour sa valeur naturelle que culturelle. De nombreuses fresques aborigènes ornent les parois des grottes. Durant le "wet", la saison des pluies, une grande partie du parc est inondée. Lorsque l'eau se retire des marais et que le niveau des eaux baisse dans les rivières, c'est tout un écosystème qui prend vie autour des "billabongs", les plans d'eau permanents. Le parc abrite un tiers de toutes les espèces d'oiseaux que l'on peut rencontrer en Australie. A quelques encablures s'étendent les falaises et les plaines de la Terre d'Arnhem, toujours peuplée par les Aborigènes.



Si aujourd'hui la saison des pluies est bien terminée, il n'en demeure pas moins que nous ne pouvons pas accéder à l'entièreté du parc. Certaines pistes sont toujours fermées, d'autres sont réservées aux 4x4 uniquement. Les excursions vers la Terre d'Arnhem n'opèrent qu'à partir de la semaine prochaine et la plupart des randonnées autour des billabongs sont encore fermées parce que l'eau infestée de crocodiles est encore trop proche des sentiers. Bon, et nous alors, qu'allons nous faire dans tout ça?



Nous roulons jusqu'au lieu dit "Ubirr". Là-bas, entre les rochers de couleur orange, nous admirons quantités de peintures rupestres vieilles de dizaines de milliers d'années. Les motifs peints à l'ocre sont nettement moins abstraits que ceux que nous avons vus dans le sud de l'Australie. Si dans le sud un kangourou était représenté uniquement par ses empreintes de pas, ici il est bien représenté en entier, colonne vertébrale et os inclus. Pour cette raison le style est qualifié de style "rayon X". Les illustrations de kangourous, de poissons, de lézards, d'hommes et d'esprits du "Dreaming" sont nombreuses.



Vers 18 heures, tous les visiteurs convergent vers le sommet d'un rocher. Nous y contemplons le coucher du soleil au-dessus de la plaine marécageuse de Kakadu. A l'est s'étendent les falaises rugueuses délimitant la terre d'Arnhem.



Nous aimerions nous rendre en Terre d'Arnhem demain. Nous devrions pouvoir y accéder avec notre propre véhicule en traversant une rivière, à condition de passer à marée basse. Cependant, ayant observé l'endroit de passage à gué ainsi que le courant de la rivière et la chute d'eau située juste à côté du passage, nous décidons de réprimer notre goût d'aventure. Idéfix nous en sera gré. Aussi acceptera-t-il sans doute que nous reviendrons un jour ici avec un autre véhicule que lui, un 4x4 de préférence...

Le site de Nourlangie Rock abrite quelques unes des plus célèbres peintures aborigènes anciennes. Nous nous promenons entre les rochers et les cavités ombragées. Les peintures rupestres représentent les "Dreamings" (esprits créateurs) tel le "lightning man" (homme éclair), mais aussi des poissons, des femmes, la danse et toujours selon le style relativement réaliste de la région. Aussi, ce réalisme ne laisse planer aucun doute sur le sexe des personnages représentés... Même les enfants n'ont aucun mal à les distinguer...





Afin de nous imprégner des richesses naturelles du parc, nous décidons de faire un tour en bateau sur la rivière dite "Yellow Water". Nous embarquons à 16 heures, au moment où le soleil de plomb se fait moins sentir et où les couleurs s'adoucissent.



Navigant le long des berges vertes tachetées de blanc par une multitude d'aigrettes, nous avons l'impression de plonger dans une nature sauvage où chaque arbre, chaque fleur, chaque flaque d'eau abrite des animaux dont nous ne soupçonnons pas la présence.



Sur une branche est perché un aigle, "white bellied sea eagle", qui s'apprête à plonger sur sa proie. Les serres ouvertes il se jette à l'eau, les deux pattes en avant et ce juste devant nos yeux.



Nous avons l'impression d'être revenus deux ans en arrière et de nous retrouver parmi la faune du Pantanal au Brésil. D'ailleurs, quelques minutes plus tard, nous tombons sur un "Jabiru", cigogne à col noir, que l'on appelle Tuyuyu au Brésil.



Yann, cependant, ne tient plus en place. Il se demande si nous finirons par apercevoir des crocodiles. Le ranger qui mène la barque pointe son doigt vers les gilets de sauvetage. Il ajoute qu'ils sont absolument inutiles en cas de naufrage car l'eau est infestée de crocodiles. Justement, en voilà un tapi dans l'ombre, sur la berge. Plus loin, d'autres crocos montrent leurs dents, leurs gros yeux jaunes ou leur queue toute en cuirasse. Yann fait l'inventaire et en compte huit tout au long de notre balade sur l'eau.



Nous voilà à présent à voguer dans un champ de nénuphars. Des centaines d'oiseaux se posent et s'envolent de tous les côtés. Le spectacle est féerique. Nous quittons ce lieu magnifique sous un coucher de soleil qui laisse pantois. Merci Kakadu!





Du mardi 28 au mercredi 29 avril, retour à Katherine. Etant de plus en plus interpellés, intéressés, attirés par la culture et l'art aborigène, nous nous amusons à vaguer d'une galerie d'art à une autre. Nos chemins nous mènent vers un drôle de coco sujet à des troubles de la mémoire. Les œuvres qu'ils vend se trouvent dans un garage. Les didgeridoos y sont vendus d'après la qualité de leur son. Il prend un instrument de musique en main et souffle: dooo... 300 dollars, celui-ci, deee... 180 dollars, dwooaaa... 900 dollars!



Nous terminons notre "tournée" par une galerie située en dehors de la ville. L'accueil et les lieux sont agréables. Deux artistes aborigènes peignent dehors.



L'homme, originaire de la Terre d'Arnhem peint dans le style "rayon X" et la dame, originaire du centre de l'Australie, peint dans le style de "pointillés". Assise dans l'herbe, entourée de pots de peinture, elle est en train de réaliser une œuvre illustrant le "bush tomato". Voyant Yann et Pauline en admiration devant son travail, elle les invite à s'asseoir à côté d'elle et à réaliser leur propre peinture. Yann s'inspire d'Uluru et Pauline du Serpent Arc-en-ciel. Ils posent leur petits pointillés sur la toile avec beaucoup d'application.



Jeudi 30 avril 2009, il était prévu qu'après la visite du Parc National Kakadu nous prendrions la route vers l'ouest. Mais il nous semble avoir tant de temps devant nous... Si nous retournions à Daly Waters, 250 kilomètres plus au sud? Un rodéo y a lieu ce weekend. Sitôt dit, sitôt fait! Nous arrivons en début d'après-midi au fameux pub où une tong belge pend toujours.

Du vendredi 1 mai au samedi 2 mai 2009, cela nous fait tout drôle de passer d'un jour à l'autre d'une culture riche et ancienne d'un peuple encore mal connu à un jeu traditionnel de cowboys. Car ici, à Daly Waters, à l'occasion du rodéo il n'y a plus que ça. Hommes, femmes, adolescents et certains enfants sont tous vêtus de même: "boots" aux pieds, jeans, ceinture ornée d'argent, chemise à carreaux ou à lignes et chapeau feutré sur la tête. Les femmes arrivent néanmoins à se rendre élégantes avec de jolies boucles d'oreille et un beau collier.



Tous montent merveilleusement bien à cheval. Il y a des concours pour tout âge et de toutes catégories: du gymkhana, des courses de rapidité, des épreuves d'adresse où le cavalier et son cheval doivent diriger une vachette vers des lieux précis, etc.



Mais le clou du spectacle, du moins pour les Australiens, est le rodéo à dos de vachettes (il y a même une catégorie "moins de 16 ans"), ou le rodéo à dos de cheval, mais surtout à dos de taureau... "The Bulls Rodeo"! Et là, est-ce par orgueil, par fierté, par inconscience, par machisme ou autre, nous ne le savons, mais ces hommes sont de vrais fous!





Le grand spectacle débute dès la tombée du jour. Des grands spots éclairent l'arène entourée de cowboys et de quelques touristes. La poussière valse dans les airs. Les taureaux, de véritables colosses, sont enfermés dans une petite cage. Quelques cowboys leur serrent une corde autour du corps, juste avant les pattes arrières. Le cowboy "monteur" s'assied doucement sur le dos de la bête... la porte s'ouvre et le spectacle commence! Sont-ils déjà saouls ou vraiment fous? Certains arrivent à rester sacrément longtemps, d'autres à peine trois secondes.



Par contre, les organisateurs paraissent pressés par le temps. Un taureau semble réticent à vouloir quitter l'arène. Tant pis, ils le laissent dans l'arène et envoient le prochain, fou de rage à cause de cette corde qui lui sert les entrailles et à cause de ce bipède qui s'accroche à son dos. Ce deuxième taureau, une fois libéré de son fardeau, lui non plus ne veut pas quitter les lieux. Finalement, un cowboy se lance sur le dos d'un colosse alors qu'il y en a trois autres encore dans l'enceinte... Ce colosse, trop fou pour voir où il va, fonce droit sur un autre taureau. L'homme tombe entre les deux bêtes pesant plusieurs centaines de kilos chacune. Un des "clowns", dont le rôle consiste à taquiner le taureau pour l'entraîner vers la sortie, ou pour aider un autre jackaroo (cowboy), saute dans la masse pour sortir son copain. Les deux hommes en sortent indemnes.



Conscients de leur "bêtise" d'avoir laissé plusieurs taureaux dans l'arène, ils décident d'évacuer les quatre bêtes. D'abord, ils essayent la méthode classique des clowns mais en vain... Un cowboy entre dans l'arène avec deux chiens qui mesurent à peine trente centimètres de haut. Ces derniers sautent et mordillent le nez des taureaux cent fois plus grands et plus lourd qu'eux. Il suffirait d'un coup de tête ou d'un coup de patte d'un taureau pour les envoyer dans les airs. Les chiens arrivent à les "embêter" mais pas suffisamment pour les "pousser" vers la sortie.



Nous entendons l'organisateur demander au micro: "Jeff, tu vas chercher ta voiture?" Quelques secondes plus tard, un pick-up entre dans l'arène. Le cowboy au volant, sûr de lui, pousse les taureaux vers la sortie. Ceux-ci reculent... mais c'est pour mieux se placer. C'est incroyable! Instinctivement ces quatre bêtes se mettent côte à côte, toutes face au pick-up. Ce dernier avance doucement, un taureau gratte la patte dans la terre, baisse la tête et fonce sur le pare-choc! Le bruit est assourdissant, la foule crie.



Ce jeu de force entre le cowboy dans son pick-up et les taureaux dure quelques minutes. Deux cavaliers viennent prêter main forte, des hommes à pieds font claquer des fouets... mais les taureaux sont têtus. Un homme, vêtu d'une chemise rouge, probablement en manque de lucidité par l'abus d'alcool, se met à courir dans tous les sens et ne prend aucune précaution. Soudain, un taureau le touche légèrement. L'homme pourrait sauter à l'arrière du pick-up mais n'en fait rien. Se prend-il pour un héros? Il fait trois pas de plus et... le taureau, d'un coup de tête au derrière, l'envoie valser dans les airs. L'homme atterrit près de la clôture, le taureau fonce sur lui... Nous nous retournons tous les quatre. Est-ce que les spectateurs ont su tirer l'homme à temps sous la barrière? Le taureau l'a-t-il encore touché? Nous ne le savons pas. Lorsque nous regardons à nouveau, les ambulanciers sont près de l'homme. Après quelques minutes d'un long silence, qui semblaient durer une éternité, cet homme, que nous traitons de fou, se relève. D'emblée, le "speaker" relance le spectacle. Les taureaux, sont-ils eux-même impressionnés par leur bravoure ou ressentent-ils la peur du public, qui sait? Mais tout à coup, en quelques minutes ces colosses quittent les lieux, gentiment, tels des agneaux! S'en suit un tonnerre d'applaudissements. Les enfants, paniqués, veulent partir. Nous arrivons à les convaincre de rester encore quelques minutes afin de voir un vrai rodéo et de chasser ces images violentes.

Le prochain taureau est prêt. Dans l'arène sont présents les clowns et les cavaliers pour évacuer le taureau le plus rapidement après chaque rodéo. La porte s'ouvre, le taureau s'élance et balance rapidement l'homme à terre. Il continue sa course folle, frôle les barrières et se jette tête première sur le flanc d'un cheval. Le cheval et le cavalier s'écroulent... Là, il y en a marre. Nous ne savions pas que rodéo était synonyme de violence et d'horreur. Damien reste, les enfants et Sophie partent. Sophie se retourne une dernière fois et voit le cavalier remonter sur le dos de son cheval. Ces cowboys ont tous un sacré ange-gardien! Pour Yann et Pauline, c'est clair, ils ne veulent plus voir de rodéo. Heureusement, ils ne sont pas choqués et s'endorment rapidement.

Nous nous rendons bien compte que ces hommes et ces femmes vivent sept jours sur sept entre les bêtes, au milieu de centaines d'hectares de terres. C'est un monde dur et rude.



Du dimanche 3 mai au lundi 4 mai 2009, retour à Katherine pour la troisième fois. Non pas que nous soyons particulièrement attirés par cette ville, mais parce que c'est un passage obligé pour rejoindre la Highway qui part vers l'ouest.

Nous avons eu des nouvelles de notre ami hollandais, Paul. Il est possible qu'il nous rejoigne à Katherine. De quoi nous revoir une dernière fois en Australie vu que la date de notre retour en Belgique approche à grands pas.

Comme tout bon "routard", nous nous arrêtons à une station service à quelques kilomètres de Daly Waters. Pendant que Damien paye la note, Sophie sent un regard posé sur elle. Elle se retourne... "C'est Paul!" Il nous a déjà rattrapé! Apparemment, il a effectué 2100 kilomètres en trois jours, ce qui est énorme. Rendez-vous est pris pour l'apéro de ce soir à Katherine. Enfin, apéro... nous commençons par une tasse de café accompagnée d'un délicieux cake offert par Paul. Vers 17 heures, nous passons à l'apéro. Avons-nous tellement de choses à nous raconter ou est-ce le temps qui passe trop vite? Notre apéro se prolonge et se prolonge... Finalement, nous dînons à 23 heures!

Michel et Geneviève Casenave sont également à Katherine. Nous échangeons quelques informations.

Mardi 5 mai 2009, "Take care Mate!", "Good luck, Paul!", "Tot weerziens in België of in Nederland." Chacun reprend sa route. Paul part vers le nord, vers Darwin et nous partons vers l'ouest, vers le Kimberley.